Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont les interfaces induisent des comportements chez les joueurs, et comment elles peuvent se révéler désinhibantes dans un contexte de performance.

Une approche hétérodoxe du game design

Artiste et game designer, Tatiana Vilela dos Santos est née à Paris en 1989, et elle s’est formée à l’ICAN et à l'Université Paul Valéry Montpellier 3. Elle prépare actuellement un doctorat à l’Université de Metz consacré à la conception d'installations ludiques et de contrôleurs alternatifs. Depuis 2012, elle développe une démarche artistique autour de la création de jeux vidéo, en s’intéressant en particulier aux dispositifs de contrôle et à une approche hétérodoxe de l’interactivité. La même année, elle fonde également MechBird, une plateforme dédiée à ses projets qui explorent différentes pratiques performatives et des manières de jouer alternatives. Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier et son travail a été récompensé à plusieurs reprises, notamment au Maker Faire, à EIGD, A MAZE, et à Connext. 

La performance des joueurs

Tatiana Vilela dos Santos travaille depuis près d’une dizaine d’années sur la façon dont corps et machines se reconfigurent mutuellement. Son œuvre tend ainsi à déjouer les a priori sur l’interactivité, à travers des pièces qui s’intéressent moins à l’ergonomie qu’à la dimension créative du jeu. Ses installations brouillent ainsi les frontières entre compétition et collaboration, comme dans L’atlas des matrices (2017), où les mains des joueurs se superposent, s’aident ou se défient sur un même contrôleur. La partie prend ainsi les dimensions d’une performance, et les traces des déplacements forment une cartographie des comportements des joueurs qui sera conservée et exposée. Définissant sa démarche comme se situant « à mi-chemin entre la psychologie et l'ingénierie », elle s’intéresse aussi, dans des pièces comme Contre-ciel, qui se contrôle à l’aide d’un piano, à la manière dont l’investissement du joueur crée de l’émotion. 

Sur les traces de l’art psychédélique

Depuis près d’une décennie, Tatiana Vilela dos Santos a exposé dans de nombreux pays, comme à Abu Dhabi, au Cap, ou à Singapour. En 2023, elle sera en résidence à la Villa Albertine, où ses recherches la mèneront en particulier à San Francisco, sur les traces de la naissance de l’informatique et de l’art numérique. Elle s’intéressera en particulier à la dimension psychédélique de ces premières créations, qui font écho à son propre travail, ainsi qu’à l’histoire du développement des contrôleurs alternatifs, qui s’organise autour d’un important festival appelé la Game Developer Conference (GDC). A son retour en France, ses recherches donneront lieu à une restitution au Château Ephémère, en région parisienne.