Jeune artisane et plasticienne, Nina Fradet travaille sur une sensibilisation de la matière. Intéressée depuis plusieurs années par la construction d’une relation entre ébénisterie et takezaiku - vannerie japonaise de bambou - sa recherche s’affine peu à peu pour trouver son essence dans l’exercice de la ligne et la conscience des gestes pour lui donner vie. Fascinée par la rencontre entre les arts, elle forme des ponts entre design, technique et arts visuels. Après ses études, Nina continue de nourrir sa technique en travaillant deux ans en Islande puis au Japon. Cette curiosité pour l’énergie créative engendrée par les rencontres l’amène aujourd’hui à ouvrir ses recherches vers d’autres domaines, afin d’y exposer cette fragile beauté de la matière travaillée.

Poétique de la ligne

Cette recherche porte sur une valorisation de savoir-faire traditionnels à travers une approche sensorielle de la technique dans un dialogue entre le Takezaiku et l'Ébénisterie. Le Takezaiku étant traditionnellement destiné à la création d’objets alliant finesse et légèreté pour l’Ikebana, les cérémonies du thé ou les arts de la table, il s’agira d’en détourner les usages pour le reproduire sur une autre matière.

En poussant à l'extrême le potentiel du tressage, l’enjeu sera de réaliser des œuvres volumineuses sous les caractéristiques techniques de l’ébénisterie, révélant la résistance mécanique de la matière en opposition à l’apparente fragilité de la structure. Dans la volonté de brouiller les limites entre Arts visuels et Métiers d’art, ces œuvres seront dépouillées de toute fonctionnalité pour mettre en lumière le caractère sensible de la matière à travers l’expressivité de la technique. Par le passage du plan au volume avec l’unique accumulation de fins brins de bambou, le Takezaiku présente cette capacité rare de créer des œuvres aussi raffinées que fonctionnelles sans aucune utilisation de matériau polluant. 

L’efficience de cette technique transposée au travail du bois massif ouvre des possibilités de faire évoluer l’ébénisterie vers des procédés de mise en œuvre plus éthiques, combinés à l’économie du bois, une ressource précieuse.