Résidences sur mesure, collectifs d'artistes : les lauréats 2019
Mis à jour le 08/03/2019
Découvrez les lauréats 2019 des Résidences sur mesure et des Collectifs d'artistes, deux programmes de résidences de recherche dans le champ de la création contemporaine proposés par l'Institut français.
Les collectifs d'artistes
Nani$ôka Groupe – Autels numéricosophiques (Croatie)
Formé en 2016, Nani$ôka est un collectif composé de HV$VH, Seumboy Vrainom :€, Loris Gasmaran et Shivay la multiple respectivement apprentis alchimiste, chamane numérique, géomancien et sorcière. A la manière d'un label musical, chaque membre du collectif conserve une pratique autonome. Cependant Nani$ôka s'empare de la résidence comme d'un outil pour élaborer un travail commun, une composition entre les différents univers de ses membres. Avec une attention particulière portée au "concert" au sens de "faire ensemble", le collectif propose des situations qui invitent à faire communauté en déplaçant le "spectateur" en "participant".
A Zagreb, ils proposent de créer un meuble-autel transportable autour duquel sera mise en place une procession. Ce rituel surprenant aura pour point de départ la narration spéculative d'une apocalypse d'origine numérique."
Collectif Palette Terre – (Artists) against ego (Grèce)
C’est un espace d’exposition en appartement, un rendez-vous pris chaque mois avec son public autour d’une certaine idée de la peinture. Mais avec le temps c’est devenu bien plus que cela, une émulation de groupe transformant petit à petit le lieu d’exposition en une véritable expérience du collectif. Aujourd’hui Palette Terre est composé d’artistes, d’enseignants, d’amis, de journalistes, de collectionneurs… Tous ces gens sont des soutiens actifs et des acteurs essentiels à l’existence de ce collectif mouvant aux contours poreux. Le Collectif se rend en résidence à Athènes pour comprendre et s’inspirer de l'engagement caractérisant cette nouvelle génération grecque, discuter et rencontrer les acteurs et les lieux dédiés à l’art qui prospèrent malgré les difficultés économiques et politiques éprouvées par le pays ces dernières années.
Collectif W - Les Entrées Extraordinaires IV, projet de résidence, Prague (République tchèque)
Fondé en 2010 lors de la création de l’Atelier W, artist-run space autogéré situé à Pantin, en banlieue parisienne. Via des résidences, des invitations, une programmation d’expositions, projections de films, concerts, conférences, workshop, W a toujours mis en oeuvre une méthode de travail collégiale et spéculative, autour d’enjeux liés à la pratique de l’art et de son partage. En Août 2019, l’Art Discrict Pragovka, artist-run space de Prague, accueillera le collectif W pour une résidence de recherche dans la continuité du cycle d’expositions Les Entrées Extraordinaires. Une mise en regard et en perspective qui représente pour W une opportunité de renouveler de manière ambitieuse les pistes de réflexions engagées autour des problématiques d’expositions collectives, de gestes collectifs, d’archives et de recherches.
Les résidences sur mesure
Arlène Berceliot Courtin – Nouveau projet pour une révolution à New York (Etats-Unis)
Critique d’art et curatrice indépendante, membre de l’AICA, IKT et du conseil d’administration de CEA. Depuis 2011, elle a collaboré avec de nombreuses institutions, galeries, centre d’art et artist-run-spaces tels que la Galerie des Galeries, la galerie Allen, Air de Paris avec qui elle a collaboré de 2013 à 2017, Shanaynay, Moins Un ou La Salle de Bains. Elle a récemment fondé furiosa, le premier non-profit basé à Monte-Carlo dédié à la promotion de l’art contemporain au sein de la Principauté et à l’international. Son projet de recherche curatoriale invite à considérer une rencontre entre l’œuvre d’Alain Robbe-Grillet et celle d’Yvonne Rainer dans leurs traitements respectifs de l’objet développé sous forme de "littérature objective" pour l’un ou "danse objective" pour l’autre ainsi que leurs influences auprès d’une jeune génération d’artistes américains et européens.
Nicolas Boulard – Iwamizawa : L’esprit des lieux : recherches, écritures et fabriques (Japon)
Artiste plasticien, il développe depuis le début des années 2000, une pratique artistique qui s’attache à déterritorialiser les techniques de création que ce soit en faisant appel à des savoirs à priori éloignés du champs artistique ou en effectuant des déplacements dans des territoires méconnus. La relation avec le paysage, le lien entre le vu et le vécu, l’importance de la mobilité, sont des éléments très présents dans sa démarche artistique. L'artiste va initier un nouveau travail dans la région d’Iwamizawa, près de Sapporo sur l’île d’Hokkaïdo au Japon en retranscrivant, sous la forme d’un travail vidéo, la mélancolie pesante et les lieux de vie de cette région. L'artiste va également faire l’acquisition d’un terrain pour y bâtir une architecture végétale évolutive.
Pierre Coulibeuf – Rouge Carpaccio (Italie)
Cinéaste d’avant-garde et plasticien, il développe un projet artistique transdisciplinaire : il réalise des fictions expérimentales qui investissent le champ de l’art, et où les changements d’identité affectent les univers et les artistes qui inspirent ses œuvres. Ses films ont été présentés dans de grands festivals internationaux de cinéma comme Locarno ou Rotterdam ainsi que, recomposés, sous forme d’installations vidéo-photo dans les musées à travers le monde.
A partir d’un récit-scénario écrit à son intention par Michel Butor et Mireille Calle-Gruber, Rouge Carpaccio est un projet de recherche à Venise, pour un film et une installation vidéo, où les personnages de certains tableaux du peintre Carpaccio sont le moteur d’un récit multilinéaire mêlant plusieurs temporalités.
François-Xavier Courrèges – Déchirer les nuages (Canada, Québec)
Depuis le début des années 2000, par la vidéo, la photographie et le collage, l’artiste met en scène ses émotions, entre histoire personnelle et mémoire collective. Son travail a été exposé dans de nombreux centres d'art et galeries, et montré dans des lieux internationalement reconnus : Collection Lambert en Avignon, Museo Jumex à Mexico City, Yerba Buena Center for the Arts à San Francisco, Palais de Tokyo à Paris et Gagosian Gallery à New York. En 2017, sa dernière série de collages a fait l'objet d'un livre intitulé Vague souvenir publié par Jean Boîte Éditions. Approfondissant la question du souvenir et de l'oubli, son projet à Montréal consiste à réaliser une vidéo à partir du journal personnel de l'écrivain français Yves Navarre, déposé à la Bibliothèque et Archives Nationales du Québec.
Marie de Brugerolle – Post Performance Projet (Etats-Unis)
Commissaire d’expositions et auteure, elle a organisé les premières rétrospectives d’Allen Ruppersberg (1996 CNAC Magasin), de Guy de Cointet qu’elle redécouvre (2004 MAMCO Genève), John Baldessari, 2005, et Larry Bell, 2010 au Carré d’art de Nîmes. Elle réalise Ne pas jouer avec des choses mortesavec Eric Mangion à la Villa Arson à Nice en 2008, sur les objets de performance, I was a Male Yvonne de Carlo (2011) au MUSAC de Léon, Espagne, une exposition sur la satire et l’humour en art, avec Dora Garcia, ou encore ALL THAT FALLS (2014) au Palais de Tokyo, Paris, avec Gérard Wajcman. RIDEAUX/blinds à l’IAC Villeurbanne, Lyon (2015), questionnait le glissement des images à l’ère de l’écran. Le projet a pour but de prospecter de nouvelles formes, des manières de voir, des modes de visibilité, dans la continuité d’une recherche sur la post-performance. Les objets de la performance et ses nouvelles modalités aux Etats-Unis, à partir des échanges entre les scènes new-yorkaise, angeline et des lieux de leur visibilité excentriques.
Carole Douillard – Do It ! (Etats-Unis)
Artiste plasticienne et performer, elle utilise sa présence ou celle d'interprètes comme sculpture pour des interventions minimales dans l'espace. A la suite d’un long temps de travail en Algérie, pays de sa double culture, elle vient récemment d’aboutir, en collaboration avec la cinéaste Babette Mangolte, le tournage du film Idir, à Alger. Son travail sur le corps politique se poursuivra en Californie, berceau d'un art de la performance qui implique fortement les gestes du quotidien et les questions de genre dans les processus de travail des artistes et les enseignements universitaires. La résidence s'ancrera d'une part sur les traces archivistiques et vivantes de ces artistes et théoricien.n.e.s de la performance et, d'autre part, dans l'attention aux actuelles recherches autour du geste comme « devenir marchand », notamment au sein du Ritual Design Lab (université de Stanford, San Francisco et Palo Alto (Silicon Valley).
Samuel Gratacap – Bilatéral (Italie)
Poursuivant son travail, il photographie des hommes en quête d’avenir, en quête de ce qu’ils appellent « la chance ». Il recueille aussi des témoignages qui le conduisent en 2010 à Lampedusa (Italie). À partir de là, le photographe bâtit un récit subjectif qui le mène toujours plus loin, à Zarzis, ville portuaire du Sud tunisien, puis au camp de Choucha, à quelques kilomètres de la frontière libyenne. A Tripoli, il poursuit son travail sur les lieux d’enfermement et les zones d’attente des travailleurs journaliers. d’après Natalie Thiriez.
Pour Bilatéral, l’idée sera de se déplacer dans des zones liées au passage des travailleurs exilés dans le sud de l’Italie (les Pouilles, la Calabre, la Sicile), et de suivre des parcours précis en fonction des récoltes et des saisons. Faire le chemin jusqu’en France. Un travail sur le paysage-limite, d’un côté et de l’autre de la frontière, celle qui sépare et unit tour à tour.
Marie Quéau – 232,8°C (Brésil)
Diplômée de l'ENSP d'Arles en 2009, son travail fut exposé en France au Festival PhotoLevallois, au Salon de Montrouge, au 26eme Festival de Mode et de Photographie de Hyères, à la Filature de Mulhouse ainsi qu'à la galerie Michel Chomette, Paris. En 2012 elle reçoit le Prix Nofound Photo Fair. Sa série Odds and ends reçoit le soutien de la DRAC Grand Est, du CEAAC, du CNAP et du CPIF (résidence de post-production). En 2018, elle est finaliste du Prix HSBC et Lauréate du Prix des Lectures de Carré sur Seine. « 232,8 °C » souhaite documenter l'incendie du Musée National de Rio de Janeiro au Brésil survenu le 2 septembre 2018. Mettre en relation la catastrophe et ses symptômes, et mesurer ce que le monde a définitivement perdu. Il est question ici de succession de disparitions et de collisions temporelles.
Sébastien Rémy – Sans titres (loss) (Côte d’Ivoire)
Qu’elle prenne la forme d’installations ou de prises de parole, sa pratique artistique se présente comme autant de manières d’envisager la transmission des savoirs. Elle puise autant dans la littérature, le cinéma, que dans l’histoire et l'histoire de l’art, en interroge les marges, revenant sur les trajectoires d'artistes et d'auteur.e.s le plus souvent méconnu.e.s, omis.e.s des narrations officielles. Dans ses projets récents, entremêlant sources factuelles et fictionnelles, il crée des installations qu'il utilise comme des supports matériels pour partager des récits. Le projet vise à enquêter sur le pillage qui toucha le Musée des Civilisations de Côte d'Ivoire à Abidjan, en 2011, suite à la crise post-électorale.
Joao Viera Torres – Babado (Brésil)
Artiste franco-brésilien, après des études à ENSAD Paris et au Fresnoy, il soutient une thèse au programme « Document et Art Contemporain » de L’É.E.S.I. Sa pratique s’intéresse à la nécessité de se trouver un ancrage territorial, historique, corporel. Pour mener le projet « Babado », il sera accompagné des Brésiliens, Camila Freitas, cinéaste, et José Miguel Olivar, anthropologue.
Au cœur de l'Amazonie, au croisement des territoires nationaux (Brésil-Pérou-Colombie), des spiritualités, des identités de genre et des sexualités, entre errances nocturnes et rituels umbandistes (religion syncrétique Afro-brésilienne), des jeunes gens se livrent à la production d'un territoire géographique et symbolique singulier. Ce projet propose une mise en récits et en images collaborative de ce processus.