Il ne s’agit pas de divertir ou de faire quelque chose de beau. L’art doit stimuler notre intelligence et élargir notre capacité à mieux comprendre le monde.

Une figure mondialement reconnue

Pedro Cabrita Reis est né en 1956 à Lisbonne, où il se forme aux Beaux-Arts : il y dirige l’influente revue Arte Opinião jusqu’en 1982. Son travail se caractérise déjà alors par une grande diversité formelle, et par son ancrage très conceptuel. Dès 1992, il expose à la Documenta de Kassel, avant de multiplier les expositions sur le circuit international, et notamment à Venise, où il participe plusieurs fois à la Biennale, et représente son pays en 2003.

En 2009, pendant la Biennale d’Art Contemporain de Lyon, ses deux installations dans l’entrepôt Bichat, qui mêlent néons et jeunes pousses d’arbres, sont très remarquées. Membre du Collège international de philosophie de Paris et de la Fondation d’Architecture de Londres, son œuvre exigeante se caractérise par sa grande rigueur intellectuelle. Très reconnaissable, avec ses costumes impeccables et son éternel cigare à la bouche, il est également collectionneur, et a fait son apparition dans de nombreux films portugais. 

Entre arte povera et minimalisme

L’œuvre de Pedro Cabrita Reis se caractérise par un dialogue constant entre l'architecture moderne et la nature. Puisant son inspiration dans les objets du quotidien, ses premières pièces se situent à la frontière du ready-made et d’une approche très minimaliste. En travaillant avec des matériaux de construction industriels (briques, ciment, planches, etc.), ou avec des objets trouvés, ses sculptures tendent à déconstruire et à simplifier les espaces pour essayer d’en retrouver les principes premiers. Il interroge ainsi la façon dont la mémoire des gestes passés s’inscrit dans les lieux, en créant des propositions spécifiques à chaque site, comme lors de sa première rétrospective itinérante, de 2009 à 2011, qui a vu son travail être successivement montré à la Hamburger Kunsthalle, au M-Museum de Louvain, et au Carré d’Art à Nîmes. 

Dialoguer avec les espaces urbains

A l’invitation du MUCEM (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée), il dresse en 2018 plusieurs centaines de structures de béton, de fer et de bois sur la place d’Armes du fort Saint-Jean, face à la mer, à Marseille. Un ensemble qui évoque une forêt pétrifiée, ou une foule minérale, en dialogue avec l’espace urbain et avec le paysage environnant. Comme souvent, avec Forêt (Marseille), Pedro Cabrita Reis dénude les structures, expérimente avec des jeux de lumière, et déconstruit les notions de bâtiment et de ville afin d’obtenir une épure, à mi-chemin entre l’autobiographie et une approche plus autoréflexive des pratiques muséales. Une exposition qui a également donné lieu à la publication d’un catalogue où l’artiste dialogue avec des patients de l'hôpital psychiatrique de Lisbonne, où il a présenté Foresta, le pendant de son installation à Marseille.