Comment les références littéraires classiques persanes, telles que La Conférence des oiseaux, influencent-elles vos récits ?

J'ai grandi avec une mère qui adorait la littérature persane et qui m'a fait découvrir les poètes et leur façon de penser dès mon plus jeune âge. Je suis tombée amoureuse de cette vision du monde, de ses images vivantes, de sa profondeur morale et de son ouverture philosophique. Les poètes comme Rumi, par exemple, racontent souvent des histoires à l'intérieur d'autres histoires - mise en abyme - qui s'entremêlent comme des vagues, sans "action" majeure au sens cinématographique du terme. Au lieu de cela, l'atmosphère, les paysages et les images portent le poids de l'histoire. Cela a influencé mon propre style narratif, où la philosophie façonne le monde visuel autant que l'intrigue.

Vous avez participé à l'événement Open Studio du 11 juin, Déplacer nos mémoires, sous la direction de Violette Morisseau. Quelle a été votre contribution et comment s'articule-t-elle avec vos thèmes de la mémoire et du déplacement ?

C'était une expérience formidable - 300 visiteurs en une journée ont vu mon travail. À la fin de la journée, je me suis sentie transformée, comme si j'avais découvert une nouvelle capacité. C'était merveilleux de travailler avec Violette : elle était ouverte, flexible et respectueuse de la vision de chaque artiste. Elle n'a pas changé mon projet mais l'a merveilleusement positionné dans le cadre de la collaboration entre la Cité internationale des arts et l'Institut français. Tout d'abord, plusieurs films du groupe ont été projetés aux visiteurs. Ensuite, j'ai ouvert mon studio au public, en exposant mon processus d'écriture de scénario - des post-it sur le mur, une installation avec des éléments cachés et une touche féminine, avec de la musique en arrière-plan. J'ai également projeté mon documentaire Keryas, une sorte d'art vidéo sur deux maisons historiques au Liban.

L'un des résultats les plus excitants est que j'ai trouvé un producteur français pour mon court métrage.

Quelles ont été les rencontres ou les échanges artistiques les plus significatifs que vous ayez vécus à Paris ?

Certaines des rencontres les plus significatives de ma résidence ont eu lieu avec l'Institut français - en particulier Lucie Brechette, Nathalie Streiff (Chargée de mission - Festival de Cannes), et Gabrielle Beroff (Chargée de mission - La Fabrique Cinéma). J'ai également bénéficié de deux séances au CNC, qui ont été de véritables moments forts et m'ont permis de réfléchir aux prochaines étapes de Voyage.

J'ai organisé une projection de mes propres films, sans aucune promotion, et plus de 50 personnes sont venues - des amis, des contacts professionnels, d'autres résidents. C'était un vrai moment de ciné-club. Chaque semaine, je rencontrais de nouvelles personnes et je parlais de mon projet. Dans Voyage, vous mélangez le réalisme dramatique avec des éléments magiques inspirés de la littérature persane classique. Comment cette narration hybride vous aide-t-elle à explorer des thèmes tels que la résilience et la guérison féminines ?

Le protagoniste est une femme, accompagnée de sa mère, de sa sœur et de son amie - tous des personnages féminins. Bien que l'histoire traite des voyages humains en général, mon point de vue en tant que réalisatrice l'oriente naturellement vers les expériences des femmes. Le film explore également la complexité de la relation mère-fille, alors qu'elles tentent de résoudre des tensions de longue date. Ces dynamiques sont au cœur de la transformation que représente le voyage.