S. Pierre Yaméogo - Wendemi (l’enfant du bon Dieu) restauré par la Cinémathèque Afrique

Publié le 3 novembre 2022

S. Pierre Yaméogo
Saint Pierre Yameogo © Olivier Barlet

Le cinéma de S. Pierre Yaméogo est profondément ancré dans la critique sociale et s’impose comme l’un des plus marquants de ces dernières décennies. A l’occasion du festival Lumière 2022 à Lyon, la Cinémathèque Afrique de l'Institut français a restauré son film Wendemi (l’enfant du bon Dieu)

Pour moi, le cinéma est socio-éducatif. C’est le meilleur outil d’information, il permet de révéler la réalité.

Une œuvre ancrée au Burkina Faso

Né à Koudougou au Burkina-Faso en 1955, S. Pierre Yaméogo s’est éteint à Ouagadougou en 2019. Formé à la télévision nationale, il poursuit ses études en France au Conservatoire Libre du Cinéma Français et à l’université Paris VIII. Après L’Oeuf silhouette (1984), Dunia (1984) est le premier film qu’il réalise dans son pays. Il lui fournira désormais la matière première de la plupart de ses œuvres, fortement enracinées dans la réalité sociale du Burkina Faso. Il y développe déjà le thème du fossé entre les élites citadines et des jeunes gens issus des campagnes, confrontés à un manque de considération. 

En 1991, Laafi (Tout va bien) sort en salles en France et sera présenté à Cannes, un festival qui récompensera aussi deux ans plus tard Wendemi (l’enfant du bon Dieu), son plus grand succès. A travers le destin de l’orphelin Wendemi et de son errance dans une société burkinabé qui le rejette, S. Pierre Yaméogo y dresse le portrait sans compromis d’un monde fracturé entre diverses classes sociales. 

Un cinéma social et engagé

Connu pour son intransigeance et ses engagements politiques, S. Pierre Yaméogo, malgré son statut central dans la scène cinématographique africaine, a connu toute sa vie des difficultés pour produire et réaliser ses films. Son film Silmandé -Tourbillon (1998) créera ainsi la polémique par le portrait dressé des élites libanaises au Burkina-Faso, et fera l’objet de nombreux appels au boycott. Les rapports du cinéaste avec les autorités de son pays, et avec l’important festival du cinéma du Fespaco à Ouagadougou, où ses films seront régulièrement projetés, demeureront ainsi longtemps teintés de conflictualité. 

Son dernier film, Bayiri, la patrie (2011), en témoigne : en s’attelant à dépeindre crûment le sort des réfugiés burkinabés chassés de Côte-d’ivoire et déconsidérés par les autorités locales, il s’attaque à un véritable tabou. Le film ne sera projeté pour la première fois que six ans après avoir été achevé. 

Une œuvre intransigeante

Habitué des festivals internationaux, fréquemment invité et récompensé à Cannes, S. Pierre Yaméogo a pourtant toujours choisi de rester ancré dans le continent et dans son pays, au plus près des causes sociales et politiques qui animent son œuvre. Figure marquante du cinéma africain, son œuvre reste pourtant difficilement accessible. À l’occasion du festival Lumière, la Cinémathèque Afrique de l'Institut français a donc décidé de restaurer son film Wendemi (l’enfant du bon Dieu). Cette oeuvre marquante sera ainsi mise à disposition des chercheurs et des programmateurs, aussi bien en France qu’à l’international. En rendant plus accessible la filmographie de S. Pierre Yaméogo, encore mal connue en dehors du Burkina Faso, c’est un pan important du cinéma engagé africain qui devrait bénéficier d’un nouveau regard. 

Timeline

Dunia, premier film réalisé au Burkina-Faso.
Laafi (Tout va bien) sélectionné à la Semaine Internationale de la Critique.
Wendemi (L'enfant du bon Dieu), sélectionné à Cannes, vient de bénéficier d’une restauration.
Delwende (Lève-toi et marche), sélection officielle Un Certain Regard à Cannes.
Bayiri, la patrie, son dernier film.
Restauré par la Cinémathèque Afrique de l’Institut français, Wendemi, l’enfant du Bon Dieu est projeté au Festival Lumière à Lyon.

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