Nous avons envie de proposer une forme qui pousserait dans ses retranchements le paradigme du réseau, qui succède à celui de la hiérarchie et qui a pour effet de rendre tout modulable, de tout aplatir.

Explorer et détourner les réseaux

Tous les deux originaires de l’Est de la France, Emilie Brout et Maxime Marion font leurs études à l’École des Beaux-Arts de Nancy et l’ESA d’Aix-en-Provence, avant d’intégrer tous les deux l’Ensad Lab aux Arts Décoratifs de Paris. Avec en partage une fascination pour les nouvelles technologies numériques et le désir commun d’en interroger les enjeux idéologiques et esthétiques, ils débutent alors un travail en duo. Représentés à Paris par la galerie 22,48m2, leur travail a intégré les collections du FRAC Ile-de-France ou de la fondation François Schneider, et a été exposé au Palais de Tokyo, à la Gaîté Lyrique, au BANFF Centre for Arts and Creativity et à l’auditorium du Louvre. Leur démarche propose notamment différentes formes d’appropriation : à partir de collections d’images disponibles en ligne, ils cherchent à questionner le rapport que nous entretenons avec leur mise en réseau et leur sérialité. 

Stratégies de réappropriation

Qu’ils reconstituent des scènes du film Shining à l’aide des outils en ligne de Google Earth (Google Earth Movies, 2009), ou qu’ils mettent au point des algorithmes au service d’un cinéma génératif sur le thème de l’eau (Dérives, 2014), Emilie Brout et Maxime Marion s’attachent en général à interroger la nature des images à l’heure de leur diffusion sur le web. À travers le groupe Copie Copain Club, dont le nom fait référence aux différentes licences qui régissent le droit des images sur internet, ils interrogent avec humour les notions d’auctorialité et de reproduction à l’heure du web. À travers la série Ghost of your Souvenir (2014), présentée dans l’exposition Escape, voyage au cœur des cultures numériques de l’Institut français, ils expérimentent ainsi avec la technique du photobombing pour s’incruster dans des autoportraits de touristes destinés à Instagram, avant d’essayer de retrouver ces images sur les réseaux. 

Récupérations et stéréotypes

Dans leur récent film A Truly Shared Love, le duo d'artistes a choisi de mettre en scène sa vie de couple en reprenant les codes des stocks vidéo, ces extraits stéréotypés disponibles à la vente sur internet et destinés à la publicité. Scander le murmure de mots-clés qui correspondent à chaque scène, le résultat est une réflexion mélancolique sur la manière dont espace privé et public, sphère intime et sphère du travail, s'interpénètrent au sein d’une nouvelle organisation capitaliste de la vie, caractérisée par la mise en réseaux de ses acteurs. Lauréat des prix Arte Laguna et Talent Contemporain de la fondation François Schneider, et régulièrement exposé à l’international, le travail d’Emilie Brout et Maxime Marion est également visible au sein de l’exposition itinérante Escape, dans différents lieux du réseau culturel français à l’étranger à l’occasion de Novembre Numérique 2022.