Avec la Biennale Némo, via le prisme artistique, nous essayons constamment d’explorer tous les aspects de la civilisation dans laquelle nous vivons, de même que celle vers laquelle nous allons.

Arts et technologie

Gilles Alvarez fonde le festival Némo en 1997, qui deviendra en 2015 Némo - Biennale internationale des arts numériques, un événement ancré en Île-de-France et en particulier au Centquatre-Paris. Diplômé en sciences politiques et ancien exploitant de salles de cinéma, Gilles Alvarez y programme depuis plus de vingt ans des expositions novatrices, comme Cinéma interactif (Forum des images, 2004), Regards caméra (Forum des images, 2005), Out of the Blue/Into the Black (BIAN de Montréal 2012), Troublemakers : Sensation Versus Digital (Centquatre-Paris, 2013), Prosopopées : quand les objets prennent vie (Centquatre-Paris, 2015) ou encore Les Faits du hasard (Centquatre, Paris, 2017). Le thème de l’édition 2023, Je est un autre, s’intéresse quant à lui à la démultiplication des identités, notamment à travers la dichotomie entre avatars numériques et personnalités IRL (« in real life »). Nemo, dont la signification en latin est « personne », questionne ainsi la notion d'identité, et celle de ses métamorphoses dans les espaces digitaux. 

Le moi au prisme du numérique

Année après année, les expositions pensées par Gilles Alvarez pour la Biennale Némo ont questionné successivement l’autonomie des machines, le rôle du hasard dans la création numérique, le fantasme du remplacement de l’humanité par des espèces technologiques, ou encore la faculté des arts et des technologies à nous révéler l’invisible. Cette année, la thématique Je est un autre remet la question des utilisateurs au centre, en interrogeant leurs usages et la manière dont ils reconfigurent les identités. Parmi les œuvres qui interrogent la fragmentation ou l’expansion des êtres et des identités, Madotsuki_the_Dreamer, d’Ismaël Joffroy Chandoutis, porte sur un homme qui cumule près de 74 personnalités contradictoires en ligne, recouvrant tout le spectre politique. « Grâce au numérique », précise ainsi Gilles Alvarez, « des artistes peuvent désormais envisager leurs récits comme des romanciers capables d’entrer dans la peau de plusieurs personnages différents et d’en explorer les multiples composantes ». 

Spectaculaire et interactif

Rassemblant près d’une cinquantaine d’artistes et de collectifs, la Biennale Némo se déroule au cours de l’automne 2023 dans près de vingt-cinq lieux répartis dans sept départements de la région Ile-de-France. L’exposition principale de l’événement a lieu au Centquatre, à Paris, et présente plusieurs installations spectaculaires et interactives, parmi lesquelles on peut distinguer avant la nuit dernière, de Christian Rizzo, où le public se diffracte dans son propre reflet, ou Maison Automne, du Collectif Universal Everything, véritable défilé de mode généré aléatoirement. Au-delà des arts visuels, la programmation s’attardera également sur les films du réalisateur Christopher Nolan, auquel un week-end est consacré les 25 et 26 novembre.