Mona Oren représente la France à la Biennale des métiers d’art de Cheongju
Publié le 15 octobre 2025
La Biennale des métiers d’art de Cheongju a été inaugurée le jeudi 4 septembre dernier. À cette occasion, l’artiste Mona Oren, lauréate de la Villa Kujoyama, représente la France dans le cadre du programme post-résidence Villa Busan – Villa Kujoyama. Invitée par les organisateurs de la Biennale, elle y présente une œuvre inédite née de sa résidence de création à Cheongju, réalisée en juillet dernier.
Un programme pour accompagner les artistes émergents à l’international
Créé en 2025, le programme post-résidence Villa Busan – Villa Kujoyama prolonge la dynamique initiée par la création de la Villa Busan en 2024 et l’accueil de ses premiers résidents. Ce dispositif a pour objectif de promouvoir les lauréats de ces deux résidences françaises en Asie, en facilitant leur participation à de grandes biennales et foires internationales. Il offre ainsi à des artistes émergents la possibilité de représenter la France à l’étranger, tout en renforçant la visibilité des résidences françaises.
Après une sélection opérée conjointement par la Villa Kujoyama et l’Ambassade de France en République de Corée au printemps 2025, les organisateurs de la Biennale de Cheongju ont arrêté leur choix sur Mona Oren. L’artiste a bénéficié d’une résidence de création d’un mois, cofinancée par la Biennale et l’Ambassade, au terme de laquelle elle a présenté son installation dans le pavillon principal depuis l’ouverture de la manifestation.
Ce programme a également vocation à s’étendre à la Villa Formose, afin de constituer un véritable réseau de coopération entre ces trois villas. Le pavillon français de la Biennale d’art contemporain de Cheongju accueillera ainsi, dès 2026, une série d’artistes issus de ces résidences.
Entretien avec Mona Oren
Vous représentez la France à la Biennale des métiers d’art de Cheongju, avec une installation intitulée Yuki III / Mr Kim’s Lotus Farm. Pouvez-vous nous présenter cette création ?
L’œuvre Yuki III / Mr Kim’s Lotus Farm est une installation in situ composée de dizaines de feuilles de lotus sculptées en cire. Les feuilles, réalisées en cire blanche et en cire d’abeille jaune, sont rétroéclairées, créant ainsi un étang lumineux aux nuances subtiles de blanc et de jaune. Cette pièce sculpturale est le fruit de ma résidence au Cheongju International Craft Residency, et elle est actuellement présentée à la Cheongju Craft Biennale 2025.
Durant ma résidence, j’ai eu la chance de rencontrer M. Kim, qui cultive avec passion les lotus dans sa ferme. Il m’a offert des feuilles et des fleurs de son étang, que j’ai moulées et sculptées en cire d’abeille locale. De cette rencontre est née Yuki III / Mr Kim’s Lotus Farm, une œuvre inspirée par la force poétique du lotus et par le lien intime entre matière, geste et paysage.
Au-delà de l’hommage à ce lieu et à cette rencontre, l’installation interroge la mémoire des formes naturelles et la capacité de la matière à capter la lumière et à la transformer en émotion. À travers cette œuvre, je souhaite également mettre en dialogue la France et la Corée, montrer comment l’artisanat et la création contemporaine peuvent se nourrir mutuellement, et inviter chacun à porter un regard renouvelé sur la fragilité et la force du vivant.
Yuki III / Mr Kim’s Lotus Farm est le fruit de votre résidence réalisée à Cheongju au cours du mois de juillet, dans le cadre du programme post-résidence Villa Busan – Villa Kujoyama. Comment avez-vous organisé votre temps sur place ?
Yuki III / Mr Kim’s Lotus Farm est née de ma résidence d’un mois à Cheongju. Le temps était court, mais riche. Dès mon arrivée, ma priorité a été de trouver des feuilles de lotus pour le moulage et de repérer des cires locales. Avec l’aide précieuse de l’équipe de la Biennale, j’ai pu installer un atelier au sein de la Culture Factory, au cœur de la scène artistique locale, et rencontrer M. Kim, dont l’étang et la ferme de lotus ont servi de terrain d’inspiration.
Au fil du mois, j’ai progressé étape par étape : réception de ma cire depuis les Pays-Bas, moulage en plâtre des feuilles de lotus, création de moules en silicone, puis fabrication des feuilles en cire. Chaque étape a été guidée par la rencontre avec le lieu, jusqu’à l’installation dans l’espace d’exposition de la Biennale. Cette résidence a été une immersion intense, mêlant recherche matérielle et rencontres humaines.
En tant que lauréate de la Villa Kujoyama, vous êtes désormais en résidence à Kyoto, au Japon, où vos recherches se concentrent sur la cire Hazé. Comment avez-vous découvert cette matière et qu’apporte-t-elle à votre pratique ?
J’ai découvert la cire Hazé lors d’une résidence d’un mois à la Villa Kujoyama en 2022, dans le cadre du Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main. C’était ma première venue au Japon, et je souhaitais y explorer une cire locale, différente de celles que j’utilise en France. La rencontre avec la cire Hazé a été une véritable révélation. J’ai trouvé les premiers blocs de cette matière auprès d’artisans japonais qui fabriquent les bougies traditionnelles, les Warōsoku. Ce sont eux qui m’ont expliqué que la cire Hazé provient de l’arbre à cire, dont les fruits sont pressés pour obtenir cette substance unique.
Depuis plus de trente ans, la cire est au cœur de ma pratique artistique. Je l’ai choisie pour sa souplesse, sa translucidité, sa blancheur : autant de qualités qui en font pour moi une matière vivante, proche de la peau. Il existe des milliers de cires, chacune avec des caractéristiques propres. La cire Hazé a enrichi ma pratique d’une nouvelle teinte et d’un parfum singulier. Elle est aussi végétale et biodégradable, ce qui fait profondément écho à mon travail, inspiré par la nature et les formes organiques.
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