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Aide aux Cinémas du monde - Plan 75 de Chie Hayakawa
Avec son premier long-métrage Plan 75, Chie Hayakawa met en scène sous un Japon à l’apparence douce et gentille, un visage dénué d’humanité. Lauréat de la mention spéciale dans la catégorie Un Certain Regard et sectionné pour représenter le Japon aux Oscars, le film a été soutenu par l’Institut français et le CNC dans le cadre de l’Aide aux Cinémas du Monde.
Plan 75, un premier film d’anticipation édifiant
Chie Hayakawa imagine un Japon dans un futur proche, où les plus âgés se voient proposer l’euthanasie pour limiter les dépenses publiques. Une candidate au plan 75, Michi, un recruteur du gouvernement, Hiromu, et une jeune aide-soignante philippine, Maria, se retrouvent confrontés à un pacte mortifère.
Quand la passion devient or
Née à Tokyo, elle a étudié la photographie à la School of Visual Arts de New York. Ses courts métrages Identify This Girl (2000) et Photography of Zero (2003) ont fait partie de l'exposition à la galerie SVA de New York. Ce que vous tenez n'est pas une pomme (2000) et Vajra/Vajra (2001) ont été sélectionnés au Festival international du cinéma et de la technologie pendant deux années consécutives et présentés à Los Angeles, Londres et Toronto. Elle réalise deux autres courts-métrages, Niagara (2013) et participe à Anticipation Japon (2018) où 5 réalisateurs imaginent le Japon dans 10 ans.
Après avoir longtemps mis de côté ses désirs de longs-métrages, la cinéaste se lance dans l’aventure de Plan 75. C’est une consécration en 2022, à la 75ème édition du Festival de Cannes, la réalisatrice voit son premier film nommé dans la section Un Certain Regard et recevoir la Mention spéciale.
Un éveil des consciences
Chie Hayakawa, réalisatrice de Plan 75 : “Je voulais dénoncer le manque d’empathie des Japonais”.
L’autrice-réalisatrice souhaite dépeindre une insulte à la dignité humaine, en liant l’aspect primordial de la productivité et l’entreprise qui recycle les corps des personnes âgées.
Les employés de Plan 75 sont des personnages aux visages polis et gentils, la réalisatrice présente une violence douce. Par ce choix de mise en scène avec des japonais qui « arrêtent de penser », la réalisatrice met en exergue par cette douceur amère le danger de ce dispositif, accepté par tous sans remise en question.
L’ouverture du film rappelle violemment le massacre de Sagamihara en 2016 où 19 résidents d’un foyer pour handicapés sont sauvagement assassinés par un jeune japonais qui souhaite débarrasser le japon des personnes « inutiles ». Cette tragédie met en lumière l’existence du climat d’intolérance au Japon vis-à-vis des personnes socialement faibles. Chie Havakawa rattache ainsi son long-métrage à la société actuelle japonaise, « Plan 75 n’existe pas dans la réalité, mais tout ce qui est décrit dans le film existe ».
En projetant sa fiction dans un futur proche, elle laisse planer une menace, l’idée d’un Plan 75 qui peut réellement arriver.

Le film a été soutenu par l’Institut français et le CNC dans le cadre de l’Aide aux Cinémas du Monde en 2021. Il a été présenté au 3ème collège, une aide destinée à l’après production.
L’Aide aux Cinémas du Monde apporte son soutien à des cinéastes étrangers sur des projets de films en coproduction avec la France, qu’il s’agisse de longs métrages de fiction, d’animation ou de documentaires de création.