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Atrato, de Marcos Avila Forero
Dans Atrato, la population colombienne du Chocó, marquée par des années de conflits, renoue avec ses traditions musicales. Une expérience sonore d'une simplicité touchante que nous fait partager l'artiste franco-colombien Marcos Avila Forero.
Un artiste très engagé
Artiste français d'origine colombienne né à Paris en 1983 et vivant aujourd'hui entre Bogotá et la capitale française, Marcos Avila Forero obtient en 2010, à Paris, son diplôme en arts plastiques de l'École nationale supérieure des beaux-arts.
Vite remarqué pour ses travaux mêlant sculptures, vidéos, installations et photos, il obtient en 2011 une résidence artistique en Colombie où il réalise À Tarapoto, un Manati, une vidéo sur le bassin de l'Amazone, à la recherche du manati, un animal sacré presque éteint. Pour cette réalisation, il obtient le prix Multimédia de la fondation des Beaux-Arts de Paris.
En 2013, Marcos Avila Forero reçoit le prix Découverte du Palais de Tokyo pour son œuvre engagée qui aborde la politique avec un certain décalage poétique, comme l'illustre son exposition « Les choses qui vibrent » en 2017-2018 au Grand Café, centre d'art contemporain de Saint-Nazaire.
La musique comme exutoire
En 2014, Marcos Avila Forero réalise Atrato, un court-métrage autour de la rivière du même nom, au beau milieu de la forêt du Chocó colombien, l'une des artères principales du conflit entre le gouvernement et la guérilla des FARC.
Sur place, il convainc les habitants de la région, des descendants afro-colombiens, de tourner une vidéo où ils renouent avec une ancienne tradition qui consiste à taper des mains sur la surface du fleuve, de manière à produire un puissant son de basse.
Grisés par l'exercice, les habitants du Chocó s'exécutent et improvisent jusqu'à ce que Marcos Avila Forero leur demande d'essayer de mimer le bruit perçant des balles sur le fleuve, souvenir sonore d'un passé qu'il leur propose d'exorciser.
Un important travail préparatoire
Comme souvent dans le travail de Marcos Avila Forero, la dimension artistique va au-delà de l’œuvre observable : Atrato est d'abord le produit de son engagement solidaire dans la région du Chocó. Sur place, l'artiste français est soutenu par une équipe de recherche en anthropologie et ethnomusicologie, où figurent aussi des musiciens. Tous l'encouragent et le guident dans son travail préliminaire composé de l'étude d'archives, de repérages mais aussi et surtout d'échanges avec la population dont il se fait humblement le porte-parole.
Atrato servira aussi de guide pour un programme de revalorisation de l'héritage culturel dans la région colombienne.
Un succès à la Biennale de Venise
En 2017, Marcos Avila Forero est invité par la curatrice Christine Macel à exposer Atrato à l'occasion de la 57e Biennale de Venise, « Viva Arte Viva ». Cette invitation est une consécration mais c'est aussi la reconnaissance d'un engagement continu de l'artiste autour de certaines questions internationales, qu'il s'agisse des flux migratoires, des frontières, ou encore du passé colonial français.
Investies par la pratique artistique de Marcos Avila Forero, ces questions géopolitiques s'enracinent dans un vécu et offrent une prise directe au spectateur, une façon singulière d'appréhender ces sujets.


Atrato est présentée lors de la 57e Biennale internationale d'art de Venise en 2017 au sein de l'exposition « Viva Arte Viva ».
Le Pavillon français des biennales internationales d’art et d’architecture de Venise est mis en œuvre par l’Institut français.