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B as Bouchentouf, de Fethi Sahraoui
IPhone vissé à la main, le photographe Fethi Sarahoui suit le parcours de son cousin Bouchentouf, atteint d'une maladie mentale. Une série en noir et blanc qui capte les jaillissements de lumière du quotidien.
Photographe de la génération Y
Photographe autodidacte né en 1993 à Hassi R'mel, à 600 km au sud d’Alger, Fethi Sarahoui a fait de son IPhone son outil principal de travail. Il collabore depuis 2015 avec le Collectif 220, groupement de sept photographes algériens avec lesquels il expose Chawari3, consacrée à des scènes de rue algériennes. En 2015, il se voit décerner le prix Premier jeune talent de La Quatrième Image à Paris.
Son projet Mercedes Island, sur l'omniprésence de la marque Mercedes dans les camps de réfugiés sahraouis, est lauréat du prix de la Société des amis de l’Institut du monde arabe pour la création contemporaine arabe en 2017.
La vie en clair-obscur
Atteint d'une maladie mentale, Bouchentouf a aussi perdu son père à l’âge de 5 ans et dû quitter l'école après seulement deux années d'études. La sécheresse a contraint sa famille à laisser sa ferme pour rejoindre la ville. Son frère aîné s'est suicidé.
Ce garçon malmené par la vie n'est autre que le cousin de Fethi Sarahoui. Dans B as Bouchentouf, 2016-2017, le photographe documente les fulgurances de cette existence cabossée plutôt que d'en souligner les revers.
Une série en noir et blanc, chronique intime d'un quotidien en marge, dont se dégage la dureté des conditions de vie mais, aussi, les moments de grâce.
Une approche ethnographique
La démence peut-elle avoir des vertus salvatrices ? Dans la série photographique B as Bouchentouf, 2016-2017, Fethi Sarahoui saisit des instants de joie comme suspendus dans l'âpreté du quotidien, où la maladie mentale de son cousin semble le remède au drame qui se joue chaque jour. « J’essaie d’être un témoin », confie Fethi Sarahoui.
Si l'artiste revendique une approche autodidacte du médium photographique, la minutie avec laquelle il ausculte l'environnement et les objets qui constituent la vie courante de Bouchentouf inscrit son travail dans une veine ethno-photographique.
Chronique intime, thème universel
En 2017, Fethi Sarahoui s'est vu attribuer pour ce travail le prix Prix Léon l’Africain des Rencontres de Bamako – Biennale africaine de la photographie. Cette récompense vient saluer le travail d'un artiste émergent résidant sur le continent africain et dont l'approche embrasse des problématiques sociales.
Avec ce projet sur la question de la différence et du rejet dans la société, la démarche artistique de Fethi Sarahoui, basée sur une narration au plus près de l'intime, évoque un sujet universel qui dépasse les frontières algériennes.

Fethi Sahraoui a reçu le prix Léon l'Africain des Rencontres de Bamako 2017. Ce prix est décerné chaque année à un artiste émergent résidant sur le continent africain et dont le travail illustre des questions sociales.
L'Institut français est co-producteur, avec le ministère de la Culture du Mali, des Rencontres de Bamako – Biennale africaine de la photographie.