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Chronique d'un été, de Jean Rouch et Edgar Morin
Cinéma
#37
Oeuvre

1 min

Chronique d'un été, de Jean Rouch et Edgar Morin

En cet été 1960, des Français se livrent sous l'œil cru de la caméra de Jean Rouch. Chronique d'un été, manifeste du « cinéma direct », porte la caméra dans la rue alors même que la Nouvelle Vague s'apprête à déferler.

© Tamasa Distribution
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Le cinéaste du réel

Né en 1917, Jean Rouch quitte la France après ses études pour exercer le métier d'ingénieur des travaux publics en Afrique. C'est alors qu'il se passionne pour l'ethnographie et documente, caméra sous le bras, les rites et coutumes d'ethnies du Niger et du Mali (Les Magiciens de Wanzerbe, 1948 ; La Chasse au lion à l'arc, 1965 ; Sigui synthèse, 1981). Son penchant pour la sociologie l'amène également à réaliser des films s'interrogeant sur les changements de société de son temps, à l'instar de Moi, un noir (1958) ou encore Chronique d'un été (1961), co-réalisé avec son ami Edgar Morin.

 

Philosophe et sociologue, Edgar Morin est notamment l'un des pionniers de la « pensée complexe », qui tend à mêler différentes disciplines issues des sciences exactes et des sciences humaines.

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La France des années 60

Chronique d'un été interroge la capacité du cinéma à être vrai. Sous la forme de discussions libres, le film porte à l'écran la parole de Français ordinaires, sans artifices.

 

On est en 1960, la guerre d'Algérie fait rage et la Ve République connaît ses premières heures après le retour au pouvoir du général de Gaulle. Tour à tour, étudiants, ouvriers, immigrés ou anciens déportés se succèdent pour répondre à une question simple : « Comment te débrouilles-tu avec la vie ? ». Jean Rouch et Edgar Morin immortalisent ainsi une société sur laquelle on sent déjà souffler le vent de contestation de mai 68.

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Caméra au poing

Chronique d'un été touche par l'impression d'authenticité qui en émane. Si la magie prend, c'est bien grâce au talent de Jean Rouch. Caméra au poing, le réalisateur tourne dans la rue, à la plage, sachant se faire oublier pour capturer la fugacité des instants. Il utilise les dernières technologies en matière de son, permettant de synchroniser la parole et l'image. Les gros micros font place à de plus petits, que l'on peut cacher pour mieux s'immerger dans l'intimité des scènes.

 

Comme le dit Jean Rouch, le « cinéma-vérité est fait de mensonges [qui], par un hasard singulier, sont plus vrais que la vérité ».

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L'avènement du « cinéma direct »

Lors de sa sortie en 1961, Chronique d'un été marque déjà les esprits et remporte le prix de la critique internationale à Cannes. Par la suite, il reste dans les mémoires comme l'avènement du « cinéma direct ». Visant à délivrer le cinéma de toute théâtralité, ce courant est également porté par Robert Drew aux États-Unis et Michel Brault au Canada. Chronique d'un été influencera plus particulièrement les réalisateurs de la Nouvelle Vague, tels que Jean-Luc Godard ou François Truffaut.

 

Plus largement, les travaux de Jean Rouch ont initié plusieurs cinéastes africains comme Safi Faye, au Sénégal, ou Moustapha Alassane, au Niger.

Chronicle of a Summer (“Chronique d'un été”), by Jean Rouch and Edgar Morin
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L'Institut français et le projet

Chronique d'un été (1960) est diffusé à l'international par l'Institut français au sein d'une rétrospective consacrée à Jean Rouch. D’autres films du cinéaste sont également disponibles : Zomo et ses frères (1975), Hommage à Marcel Mauss : Germaine Dieterlen (1977), Hampâté Bâ (1984), Cousin, cousine, pirogue, gondole (1985).

 

L'Institut français propose, avec la Cinémathèque Afrique, un catalogue de plus de 1 600 films africains de 1960 à nos jours.

 

En savoir + sur la Cinémathèque Afrique.