5 min
Ex Machina, une proposition musicale de l'Orchestre National de Jazz
Ex Machina, créé en collaboration avec l’IRCAM, associe improvisation traditionnelle et intelligence artificielle. Il s’agit du nouveau programme de l’Orchestre National de Jazz, dont l’Institut français accompagne les projets à l’international.
Une collaboration inédite
Après les remarqués Dancing in Your Head(s) et Rituels, l’Orchestre National de Jazz présente Ex Machina. Conçue par le directeur artistique de l’institution, Frédéric Maurin, en collaboration avec le musicien Steve Lehman et Jérôme Nika, chercheur à l’IRCAM, cette nouvelle proposition musicale mêle formation jazz et technologie de pointe. Elle explore ainsi les interactions entre orchestre et intelligence artificielle en associant des intervenants qui ont tous déjà largement expérimenté avec ce format, que ce soit l’ensemble Ping Machine ou le Steve Lehman Octet, ou encore l’IRCAM, fondée en 1977, institution à la pointe sur la question de l’articulation homme-machine en musique.
Nouvelles matières sonores
« Plutôt que de chercher à reproduire ce que fait déjà l’humain, je préfère donner à la machine des choses que l’humain ne peut pas faire », explique Frédéric Maurin à propos d’Ex-Machina. L’improvisation se joue donc aussi au niveau de l’ordinateur, qui écoute et apprend à partir du jeu des musiciens tout en interagissant avec eux. Inspirés par les techniques de la musique spectrale, un courant qui apparaît en France pendant les années 1970, Frédéric Maurin et Steve Lehman ambitionnent, avec Ex Machina, de partir à la recherche de nouvelles matières sonores. L’expérimentation n’y est pas seulement algorithmique, mais aussi purement musicale : ils ont ainsi, par exemple, décidé de faire appel à des micro-intervalles et au spectre harmonique et inharmonique pour créer des timbres inédits.
Improvisation et machines
Dans Ex-Machina, les instruments traditionnels du jazz, joués par des musiciens, se combinent avec un dispositif numérique développé par Jérôme Nika. La librairie DYCI2 s’immisce ainsi dans l’orchestre et permet de dépasser les limitations d’une formation traditionnelle, à la recherche de nouveaux timbres et de nouveaux comportements d’improvisation. Le but étant, selon Frédéric Maurin, que « ce que la machine génère emmène la musique ailleurs », et permette d’envisager sous un angle nouveau notre approche de l’improvisation et du libre arbitre.
Un procédé presque théâtral
Le titre Ex Machina renvoie à l’expression latine « Deus ex machina » : issu de la machine. Elle désigne en réalité un procédé théâtral : l’entrée en scène d’une divinité sur les planches, ce qui renvoie aussi à l’idée d’une machine toute-puissante. Pour explorer cette direction, les deux compositeurs ont souhaité s'associer à l’IRCAM, et en particulier à l’équipe de Gérard Assayag, responsable de l’équipe Représentations musicales. L’objectif de cette collaboration inédite est « que le public qui écoute le concert ne sache pas d’où ça vient, de la même façon que face à un orchestre on perçoit parfois le son comme un tout sans vraiment savoir d’où chaque composante vient ». La première représentation d’Ex Machina a eu lieu en février dans le cadre du Festival Présence, à la Maison de la Radio.
Les projets de l'Orchestre National de Jazz, qui a créé Ex Machina en collaboration avec l’IRCAM, sont accompagnés par l'Institut français à l'international.