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Foucault contre lui-même, de François Caillat
Avec Foucault contre lui-même, François Caillat adapte à l'écrit son documentaire sur le célèbre philosophe. Grâce aux témoignages d'héritiers de la pensée foucaldienne, il met en avant les ruptures et les paradoxes qui rendent l'œuvre du philosophe aussi fascinante qu'insaisissable.
Un cinéaste philosophe
Né en Lorraine en 1951, François Caillat s'investit très jeune dans le théâtre et entre au cours Florent à 13 ans. À côté d’un cursus en philosophie à l'École normale supérieure de Saint-Cloud (aujourd'hui ENS-Lyon), qui le conduit à l’agrégation de philosophie, il étudie également l'ethnologie et la musicologie et devient documentariste, une manière d'aborder ses multiples intérêts par l'image.
En 1997, son premier long-métrage documentaire, La Quatrième Génération, évoque l'histoire d'une famille française qui fait fortune dans le bois. Il sera suivi de Trois soldats allemands (2001), sur l'exhumation d'un soldat allemand inconnu, et L'Affaire Valérie (2004), sur la disparition d'une serveuse soupçonnée d'assassinat. En 2008, il sort son premier film pour les salles obscures, Bienvenue à Bataville, qui questionne l'injonction au bonheur du paternalisme patronal. Il dirige également la collection « Cinéma documentaire » aux Editions L’Harmattan.
Un penseur insaisissable
Dans Foucault contre lui-même (2014), François Caillat interprète l'itinéraire atypique de Michel Foucault sous l’angle de la rupture. Rupture, d'abord, d'avec sa famille provinciale qu'il quitte pour étudier la philosophie à Paris. Rupture ensuite à travers le sentiment de décalage qu'il ressent à l'École normale supérieure.
Français Caillat interroge par ailleurs les évolutions des travaux et de l’engagement politique de Michel Foucault : du structuralisme, centré sur les effets du système, dans les années 1960, à l’analyse de l’individualité dans des travaux plus récents – L'Usage des plaisirs (1984) ou Le Souci de soi (1984) ; mais aussi son militantisme gay ou maoïste, avec lesquels Foucault prendra finalement ses distances. La rupture est au fondement d’une attitude créatrice et la condition d’une pensée véritablement émancipatrice et personnelle.
Interviewer des penseurs proches de Foucault
Foucault contre lui-même (2014) dresse le portrait d'un des auteurs les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle. Pour ce faire, François Caillat interroge des penseurs proches du philosophe : l'historienne Arlette Farge, avec laquelle Foucault a écrit Le Désordre des familles (1982), le philosophe Georges Didi-Huberman, influencé par la pensée de Foucault notamment dans ses ouvrages sur l'hystérie, ou encore Léo Bersani, professeur de littérature française à Berkeley, où il avait invité Foucault à plusieurs reprises.
L’ouvrage est une retranscription des entretiens filmés réalisés dans le documentaire éponyme réalisé la même année, en 2014.
Portrait incontournable
Foucault contre lui-même (2014) livre le portrait d'un chercheur à la portée internationale, dont les principaux ouvrages, Histoire de la folie à l'âge classique (1954 et 1972), Les Mots et les Choses (1966), Surveiller et punir (1975) sont des références incontournables.
L'ouvrage de François Caillat a fait l'objet de deux traductions. En 2015, il est publié en anglais sous le titre Foucault Against Himself, enrichi d'une préface de l'anthropologue américain Paul Rabinow, qui a largement contribué à diffuser la pensée du philosophe français dans le monde anglo-saxon (Michel Foucault, Beyond Structuralism and Hermeneutics, 1982, et The Foucault Reader, 1984). En 2017, Foucault contre lui-même est également traduit en allemand.

Foucault contre lui-même a été traduit en anglais et en allemand avec le soutien de l'Institut français.
Par ses programmes d'appui à la traduction, l'Institut français participe à la diffusion des sciences humaines de langue française dans le monde entier.