

5 min
L'Homme qui a vendu sa peau, un film de Kaouther Ben Hania
Dans L'Homme qui a vendu sa peau, Kaouther Ben Hania confronte le monde de l'art contemporain et celui des réfugiés dans un film surprenant, qui interroge la notion de liberté. Par le prisme d'une histoire vraie, elle narre une vibrante quête identitaire, où l'homme doit vendre son propre corps pour survivre.
Un évident désir de cinéma
Née en 1977 à Sidi Bouzid en Tunisie, Kaouther Ben Hania suit, tout d'abord, des études à l’École des Arts et du Cinéma de Tunis. Après plusieurs courts métrages remarqués, elle intègre un atelier d'écriture de long métrage lancé par Euromed, puis rejoint La Femis (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son) en 2004. Dès 2007, elle complète sa formation à l'université de Paris-III Sorbonne-Nouvelle et se lance dans la réalisation de longs métrages. Son premier film, Le Challat de Tunis, sorti en 2014, impose d'emblée son style et son désir d'évoquer les relations hommes/femmes. Trois ans plus tard, son nouvel essai, La Belle et la Meute, connaît un fort retentissement lors de sa présentation au Festival de Cannes et se retrouve nommé pour le prix Lumières du meilleur film francophone. En 2021, L'Homme qui a vendu sa peau, son quatrième long métrage, est le premier film tunisien sélectionné aux Oscars.
Le surprenant prix d'un corps
Dans L'Homme qui a vendu sa peau, Kaouther Ben Hania s'inspire de l'histoire de Tim Steiner, un Suisse résidant en Angleterre, qui a conclu un contrat de vente en 2008 avec l'artiste belge Wim Delvoye. Pour la somme de 150 000 euros, il lui a confié son dos afin d'y apposer un tatouage pour lequel il doit réaliser trois expositions annuelles et être dépecé après son décès. À l'écran, la réalisatrice matérialise cette histoire extraordinaire sous les traits de Sam Ali, un jeune syrien qui décide de partir au Liban pour fuir la guerre. Pour réussir son projet et rejoindre la femme qu'il aime, il choisit de vendre son corps à un artiste contemporain, qui le transforme en œuvre d'art vivante.
Interroger la notion de liberté
Grâce à L'Homme qui a vendu sa peau, Kaouther Ben Hania élabore l'invraisemblable rencontre entre le monde de l'art contemporain et celui des réfugiés. À travers ce récit basé sur une histoire vraie, elle entremêle ces deux univers a priori très éloignés l'un de l'autre pour s'interroger sur la notion de liberté. Accablé par le poids de sa condition et la nécessité de trouver un ailleurs plus serein, son personnage principal doit signer un pacte faustien avec un homme de pouvoir. L'improbabilité de leur collaboration, ainsi que l'utilisation d'un corps comme support d'expression, y représentent le prix qu'il convient de payer pour conquérir son identité et retrouver son indépendance.
Une nomination aux Oscars
Présenté dans la section Orizzonti lors de la Mostra de Venise en 2020, L'Homme qui a vendu sa peau a remporté le prix du meilleur acteur pour Yahya Mahayni. Après avoir été primé pour son scénario au Festival international du film de Stockholm, le film a également reçu le Lumière de la coproduction internationale et le Prix El Gouna Star (meilleur long métrage de fiction en arabe) durant le festival éponyme. Au printemps 2021, le long métrage est sélectionné dans la liste des cinq nommés pour l'Oscar du meilleur film international : il devient, dès lors, le premier film tunisien présent dans cette catégorie.

L'Homme qui a vendu sa peau est diffusé à l'international par l'Institut français.
L’Institut français propose un catalogue de plus de 2 500 titres permettant au réseau culturel et à ses partenaires de diffuser des films français dans le monde. En savoir + sur IFcinéma