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L’île du lac, de l’ancien résident à la Villa Kujoyama Arnaud Rykner
Conçu en résidence à la Villa Kujoyama, L’île du lac de l'écrivain Arnaud Ryker est un un roman poétique sur la solitude et l’insularité. Il paraîtra le 1er mars 2023 aux éditions du Rouergue.
Un projet conçu à la Villa Kujoyama
Diplômé de l’École Normale Supérieure et agrégé en Lettres, Arnaud Rykner enseigne actuellement à la Sorbonne-Nouvelle, où il dirige l’Institut de Recherche en Etudes Théâtrales. Auteur de théâtre et dramaturge, il a mis en scène de nombreuses pièces, notamment de sa complice et amie Nathalie Sarraute, et de Claude Régy, dont il fut l’assistant. En parallèle, il poursuit une carrière de romancier, avec près de huit romans aux éditions Rouergue et Actes Sud. L’île du lac, entamé en 2019 pendant qu’il était pensionnaire à la Villa Kujoyama, est sa dernière sortie.
Un « roman japonais »
L’île du lac, que son auteur définit comme un « roman japonais », nous emmène sur les traces d’un homme qui expérimente le vide, le silence, sur une île au milieu d’un lac. Un silence qui est fait de « vent, vagues, frottement des roseaux, craquement des bambous », lit-on dès les premières pages de ce poème narratif où une écriture à la fois sobre et ciselée tente de saisir l’absence de mouvement et de la fixer dans la durée. Si l’homme qui habite sur cette île reste ainsi volontairement flou, c’est donc la nature qui semble faire office de personnage principal dans ce huis-clos à ciel ouvert.
Une certaine manière d’être au monde
En 2019, quand Arnaud Rykner arrive à la Villa Kujoyama, il est selon ces propres mots à la recherche « d’un certain rapport au silence à l’insularité ». Le motif de l’île traverse ainsi cette œuvre, en faisant écho à la fois à la position géographique du Japon, et à une façon particulière d’être au monde, à mi-chemin entre la présence et l’absence. La forme choisie par Arnaud Rykner, où s’enchaînent des séquences narratives qui fonctionnent comme autant de tableaux, a donc été pensée comme une façon de « creuser la durée », et fait donc aussi écho aux pratiques de méditation.
Le silence et l’insularité
L’île du lac puise profondément dans la culture japonaise et dans sa spiritualité, notamment dans le rapport à la nature si particulier qui imprègne l’archipel. Ainsi le rapport à la durée, à la fois intense et extrêmement ténu, qui imprègne L’île du lac peut-il par exemple évoquer la cérémonie du thé. De la même façon que la place centrale accordée aux paysages, à l’île et aux éléments qui la composent, fait indiscutablement écho à l’art des estampes. On ressent, enfin, l’influence de l’art des haïkus, cette forme poétique qui, comme le roman d’Arnaud Rykner, peut s’interpréter comme une façon de rendre palpable le mono no aware, « l’éphémère », qui tient une place centrale dans l’art japonais.