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Janbal, de Mina Bozorgmehr & Hadi Kamali Moghadam
Dans Janbal, Mina Bozorgmehr & Hadi Kamali Moghadam narrent une légende iranienne sous la forme d'un docu-fiction entre performance et art vidéo. Au coeur d'un ambitieux puzzle d'images, les deux réalisateurs inventent un voyage aux origines des langages, des mythes et des croyances.
Mina Bozorgmehr est actuellement en résidence à Paris, avec le programme de résidences de l’Institut français à la Cité internationale des arts. Elle y développe son projet Waiting for Mars, un documentaire sur lequel elle travaille depuis presque dix ans.
Un duo de complices passionnés
Née en 1980 à Téhéran, Mina Bozorgmehr est cinéaste, militante urbaine, artiste, performeuse et écrivaine. Diplômée en architecture à l’École de la Villette à Paris, elle a également étudié à l’École internationale de théâtre de Jacques Lecoq à Paris. Réalisateur, interprète et écrivain, Hadi Kamali Moghadam est, quant à lui, né en 1973 à Chiraz. Il a suivi un cursus en études théâtrales à l'Independent acting School of Tehran et en réalisation à la Tehran Film School. Tous deux basés à Téhéran, ils ont lancé Noir Art Group en 2006 afin de travailler sur des sites spécifiques de l'activisme urbain dans le cadre de performances, ainsi que de films expérimentaux et documentaires.
Un docu-fiction légendaire
Dans un mélange entre documentaire et fiction, Janbal se concentre autour de trois personnages, Dokhte-Dirya (la femme de la mer), Khem (la fée) et Mousa (l'artiste). Inspiré par une ancienne légende de l'île d'Ormuz, il narre l'histoire d'un amour entre les hommes et une fée dans l'illustration d'un mythe majeur au sein du bassin mésopotamien. Artiste du sud, Mousa collectionne les « Paachaks » de femmes indigènes à partir de déchets trouvés sur le rivage avant de les recycler pour les mettre au service de son art.
De la mythologie au monde moderne
Entre l'art vidéo, la performance et le documentaire, Janbal est un patchwork d'images, qui entraîne le spectateur dans un voyage aux confins des croyances et des imaginaires. Il met en lumière l’ésotérisme des habitants du sud de l'Iran, tout en s'imposant comme une allégorie philosophique de la relation entre langage et légendes. De la mythologie persane aux rituels anciens, les cinéastes poursuivent, dans ce long métrage, leurs recherches sur l'identité de l'espace et du paysage, ainsi que l'improvisation et l'expression corporelle. Avec poésie, ils associent les traditions du passé avec le contexte brumeux du monde contemporain.
Une résidence à la Cité internationale des arts
En 2016, les deux réalisateurs ont présenté Janbal dans la galerie d'art contemporain The Pill à Istanbul, en Turquie. Fondé et dirigé par Suela J. Cennet, ce centre agit comme une plate-forme afin de rassembler des artistes locaux et internationaux. En 2017, Janbal a reçu le Wave Award au CPH:DOX, le Festival international du film documentaire, à Copenhague. Mina Bozorgmehr est aujourd'hui lauréate du programme de résidences de l'Institut français à la Cité internationale des arts, un dispositif qui permet, chaque année, à 70 artistes de profiter d'une résidence à Paris.