Le Barrage, un film d’Ali Cherri soutenu par l’Aide aux cinémas du monde

Né à Beyrouth en 1976, Ali Cherri assiste aux différentes étapes de la guerre civile qui frappe le Liban. Cette expérience va marquer profondément son travail, centré sur les thématiques du traumatisme, de la ruine ou de la transformation. Récompensée par un Lion d’Argent à Venise en 2022, son œuvre s’intéresse à la façon dont la violence des hommes s’inscrit durablement sous la forme de traces dans les espaces urbains et naturels. Un questionnement qui se retrouve au centre de son long métrage de fiction Le Barrage, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs cette année. 

Tourné au nord du Soudan, en Nubie, Le Barrage nous raconte le quotidien de Maher, qui travaille dans une briqueterie traditionnelle alimentée par les eaux du Nil. Tandis que les bruits de la révolution qui se déroule à Khartoum parviennent aux ouvriers, comme des échos d’une réalité qui leur semble bien lointaine, Maher disparaît chaque nuit pour mener à bien une tâche mystérieuse. A l’écart des autres, il bâtit une construction de boue qui finira par prendre vie et lui adresser d’étranges recommandations. 

Le Barrage fait partie d’une trilogie sur les printemps arabe, dont les courts métrages L’Intranquille et Le Creuseur composaient les deux premiers volets. En 2017, Ali Cherri se rend au Soudan, où il souhaite voir un barrage sur le Nil aux conséquences désastreuses sur l'environnement et sur les populations locales. Il décide d’y tourner un film avec des acteurs non professionnels trouvés sur place, dont Maher. Un tournage qui s'avère particulièrement difficile en raison de l’isolement des lieux et des manifestations massives qui se déclenchent à travers le pays pour réclamer le départ du dictateur Omar Béchir. 

Le Barrage a bénéficié de l’Aide aux cinémas du monde du CNC et l’Institut français, et a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes. D’après Ali Cherri, c’est une œuvre qui « parle de la révolution soudanaise, mais aussi, plus généralement, de tout mouvement de changement politique et d’espoir au monde ». Par le biais d’une puissante métaphore filée, cette fable sur la création artistique nous raconte aussi quelque chose de notre rapport aux choses et au monde. Le film est ainsi empreint de spiritualité soufie, et nous rappelle que tous les éléments qui composent notre environnement sont sacrés.