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Liliom, mis en scène par Jean Bellorini
Avec sa mise en scène de Liliom, Jean Bellorini fait plonger le spectateur dans un univers où le rêve côtoie la misère, et confirme son talent de jeune prodige du théâtre français.
Une ascension fulgurante
En plus d'être un pianiste et un chanteur-compositeur émérite, Jean Bellorini est surtout un jeune metteur en scène talentueux – il est né en 1981 –, désireux de transmettre son savoir. En 2002, il met en scène sa première pièce, Piaf, l'ombre de la rue au Théâtre du Renard à Paris et au Festival d'Avignon. L'année suivante, alors qu'il dirige les auditions de l'École Claude Mathieu, où il enseigne régulièrement à partir de 2005, le metteur en scène crée la compagnie Air de Lune. Son interprétation, la même année de La Mouette de Tchekhov, puis de Tempête sous un crâne (d'après Les Misérables de Victor Hugo), assoit véritablement sa renommée.
En 2012, Jean Bellorini reçoit le Prix de la révélation théâtrale décerné par le Syndicat français de la critique. En 2014, à l'âge de 33 ans, il est nommé directeur du Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis.
Un antihéros peu glorieux
Liliom, sous-titré La Vie et la Mort d'un vaurien, nous plonge dans le Budapest des années 1900 à la suite d'un jeune bonimenteur qui traîne dans les fêtes foraines où il cultive sa canaillerie et séduit les jolies filles. Mais cette vie de débauche est chamboulée par sa rencontre avec Julie, une domestique dont il tombe amoureux et qu'il épouse lorsqu'elle tombe enceinte.
Cumulant les problèmes d'argent et attiré par le rêve américain, Liliom monte un mauvais coup et se fait prendre. Pour éviter la police, il décide de se suicider.
Un univers en demi-teinte
Par ses choix de mise en scène, Jean Bellorini a parfaitement réussi à rendre ce mélange de réalisme et d'onirisme qui caractérise la pièce, écrite en 1909 par le Hongrois Ferenc Molnár.
Sur scène, des acteurs au jeu expressionniste se baladent entre une grande roue et des auto-tamponneuses. Pleine de contrastes, cette fête à la fois triste et joyeuse à laquelle le public est convié déroule alors l'histoire sans gloire de ce petit voyou au charisme certain.
Une mise en scène qui fait écho à l'adaptation cinématographique de Fritz Lang en 1934.
Liliom, un personnage universel ?
Le succès de Liliom confirme la notoriété de Jean Bellorini. Créée dans le cadre du festival Printemps des comédiens à Montpellier en 2013, la pièce a ensuite été présentée au Théâtre Gérard Philippe à Saint-Denis en 2014, puis aux Ateliers Berthier du théâtre de l'Odéon.
Jean Bellorini a gommé dans sa mise en scène les contours temporels et géographiques de l'action comme si, au fond, toutes les métropoles ont eu et ont encore leur Liliom, ce voyou séducteur et irrésistible.
En 2017, Jean Bellorini exporte son savoir-faire en Russie pour travailler avec la troupe du Théâtre Alexandrinski de Saint-Pétersbourg à la création de la pièce Kroum de Hanokh Levin, poète et dramaturge israélien contemporain.


Liliom est présenté au 35e festival d'Almada en juillet 2018 avec le soutien de l'Institut français.