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Player non player, une œuvre de la nouvelle exposition "Escape, Générations numériques » de l’Institut français
Récompensé par le prestigieux prix Most amazing game au festival A Maze, Player Non Player nous propose de prendre soin de quatre personnages qui ont trouvé refuge sur une mystérieuse île à l’architecture brutaliste.
L'oeuvre fait partie de la nouvelle exposition Escape, Générations numériques de l’Institut français, destiné au réseau culturel français et à ses partenaires.
Joueur et non-joueur
L’histoire du développement de Player Non Player est plutôt inhabituelle pour un jeu vidéo : il naît à l’origine d’une collaboration avec le groupe d’electro-pop Agar Agar, qui sort un album du même nom en 2023. Jonathan Coryn, auteur et développeur du jeu, a en effet rencontré les deux membres du groupe pendant ses études aux Beaux-Arts de Cergy. Au fur et à mesure de ce projet au long court, les deux univers se sont influencés mutuellement, et on y retrouve en partie les mêmes personnages et certains thèmes en commun. Fruit d’une élaboration de près de six ans, Player Non Player reste néanmoins un jeu très personnel, qui explore des thèmes comme la solitude, le deuil, ou la capacité à prendre soin des autres.
Prendre soin des autres
Player Non Player se déroule sur une île parsemée d'étranges bâtisses à l’inspiration brutaliste. Le joueur part à la rencontre de quatre personnages qui y vivent, de qui il doit progressivement gagner la confiance. Pour cela, il pourra par exemple les caresser ou les porter, le jeu développant toute une réflexion sur le thème du soin et du consentement. À la croisée entre le genre du dating-sim (le jeu de drague), et le jeu de puzzle dans la lignée de Myst, Player Non Player déploie un univers mélancolique où la musique est omniprésente. Expérience intime à la fois sensuelle et éprouvante, Player Non Player multiplie aussi les clins d'œil à d’autres références de l’univers des jeux vidéo.
Une poétique de la caresse
Résolument queer, Player Non Player explore la manière dont douceur et violence peuvent être subtilement intriquées. La mécanique principale du jeu, le fait de pouvoir caresser les choses et les êtres, introduit ainsi la question du consentement. Cette dernière sera aussi abordée à travers certains thèmes plus spécifiquement vidéoludiques, comme le mécanisme de la quête et l’idée qu’il faille aider les autres personnages non-joueurs. Les thèmes du deuil et de la séparation traversent également le Player Non Player, un jeu où l’on aide les autres à surmonter leurs traumas pour « partir » en paix.
Entre douceur et tragédie
En 2023, Player Non Player a remporté le prestigieux prix Most amazing game à A Maze (Berlin), festival de référence dans le domaine du jeu vidéo d’art et d’essai. Exposé à l’international, le jeu de Jonathan Coryn séduit à la fois par l’écriture de ses personnages et par son accessibilité. Sans être dénué d’humour malgré des thématiques parfois tragiques, le jeu a aussi été pensé comme un projet transmédiatique plus large, par exemple à travers le personnage de Notyet, qui apparaît aussi dans le clip Trouble d’Agar Agar, coréalisé avec Mélanie Courtinat. Lors d’un Playtest Tour, le jeu pouvait ainsi être essayé en parallèle des concerts du groupe.

L’Institut français propose au réseau culturel français et à ses partenaires une nouvelle exposition dédiée aux grands enjeux contemporains du numérique. Fort de l’intérêt suscité par une première offre dans ce format ces deux dernières années, Escape, générations numériques invite à une découverte pédagogique et ludique des cultures numériques, à travers une vingtaine de créations mêlant œuvres d’art numérique, jeux vidéo et expériences en réalité virtuelle.
Cette offre est disponible à la circulation dans les établissements du réseau culturel et ceux de leurs partenaires à partir de novembre 2024 pour une durée de deux ans. Elle est accompagnée de nombreuses suggestions d’ateliers et de pistes de médiation pour tous les publics.