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Saïgon, de Caroline Guiela Nguyen
Quelque part entre la fin de la guerre d’Indochine et le crépuscule du XXe siècle, Caroline Guiela Nguyen fait entendre la voix des exilés vietnamiens. La dramaturge en tire un mélodrame doux et coloré.
Caroline Guiela Nguyen
Née d’un père Pied-Noir algérien et d’une mère vietnamienne exilée, Caroline Guiela Nguyen a mis du temps à assembler les différentes pièces de son identité. Après des études à l’école du Théâtre national de Strasbourg, elle fonde en 2009 sa compagnie, Les Hommes Approximatifs.
Au sein de cette structure, elle mêle acteurs professionnels et amateurs dans une première pièce, Se souvenir de Violetta (2011). Son œuvre suivante, Le Chagrin (2014), est hantée par le présent et la mémoire. Cette démarche trouve sa forme la plus aboutie dans Saïgon (2017), pièce où elle renoue avec son histoire intime.
Les fantômes du Viêt Nam
Les lumières bleues et roses du plateau dévoilent un décor de restaurant à la fois sobre et familier. Dirigé par une Vietnamienne prénommée Marie-Antoinette, ce restaurant est un endroit hors du temps et de la géographie, situé à la fois à Saïgon, en 1956, peu de temps après l'indépendance, et à Paris, en 1996.
Les personnages se croisent autour d’un verre, s’enivrent au rythme des chansons populaires diffusées par le karaoké. Chacune des histoires qu’ils racontent mêle la joie d'être en vie aux larmes versées sur ce pays aimé, qu'ils ont quitté sans le vouloir et n'ont jamais revu.
Enquête et fiction
Pour écrire Saïgon, Caroline Guiela Nguyen n’a pas seulement puisé dans son histoire personnelle. Elle est partie en quête de témoignages et de récits à Hô Chi Minh-Ville comme dans le 13e arrondissement de Paris. La pièce et la distribution se sont dessinées au fil des répétitions, avec des acteurs professionnels et des anonymes, vietnamiens, français ou d’origine vietnamienne.
Un travail d’écriture qui cherche « à dégager de l’imaginaire directement du plateau » et qui fait partie intégrante de la méthode développée au sein de la compagnie Les Hommes Approximatifs.
Coup de cœur à Avignon
Présentée au Festival d’Avignon, en 2017, la pièce de Caroline Guiela Nguyen a été l'une des révélations de la sélection. Par sa finesse d’écriture comme par son traitement très cinématographique, Saïgon a séduit la presse française et étrangère.
Ce bel accueil a ouvert la porte à une tournée internationale en Europe et en Asie. De Pékin en Chine à Berlin en Allemagne, les spectateurs ont ainsi pu découvrir une pièce singulière, d'une séduisante capacité à transformer un moment de l'histoire française contemporaine en drame universel.


Saigon a été soutenu dans le cadre du programme Théâtre Export de l'Institut français en 2016.
Ce programme permet aux metteurs en scène français de réaliser une création théâtrale à l’étranger.