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Vestiges, de Benjamin Bertrand
Danse
#369
Oeuvre

5 min

Vestiges, de Taos Bertrand

S’inspirant des arts ancestraux japonais, Taos Bertrand crée le solo Vestiges (2020) autour de la mémoire et de l’empreinte que laissent les corps et les esprits. Une pièce née de nombreuses séquences filmées et portée par l’intériorité du geste.

Vestiges, Benjamin Bertrand © Lisa Surault
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De la diversité des danses

Après une formation au Conservatoire à rayonnement régional de Paris (CRR de Paris) en danse contemporaine, Taos Bertrand commence sa carrière en 2011, d’abord en tant que danseuse — dans des pièces comme Princesse de Milan de Karine Saporta (reprise en 2011) ou Tragédie d’Olivier Dubois (2012) — puis en 2015 en qualité de chorégraphe avec son solo Orages, au sein de sa compagnie Radar, et en 2017 avec le duo Rafales.

Parallèlement à sa carrière d’interprète et de créatrice, Taos Bertrand se forme à la philosophie et à la littérature en Khâgnes et à La Sorbonne. Collaborant aussi bien avec le plasticien Jean-Luc Verna, le collectif de danse contemporaine (La) Horde ou l'artiste pop  Christine & the Queens, Taos Bertrand aime ancrer sa pratique chorégraphique dans différents champs artistiques. Pour sa nouvelle pièce Vestiges, elle se plonge ainsi dans les formes théâtrales japonaises.

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Travail de mémoire

Dans un décor à nu, sur une scène brute, Taos Bertrand est seule en scène pour danser Vestiges, solo autour de la mémoire et de l’oubli des gestes dont nous sommes les héritiers. Sa danse est volontairement dans l'abondance, dans la pluralité du mouvement, laissant l’émotion naître de l’intériorité et du geste précis. La danseuse s’interroge sur les vestiges que laisse un corps ou un esprit, comme une trace de pas sur le sable. Serait-ce une disparition ou plutôt une présence restée dans les mémoires ? En utilisant le procédé de la répétition, Taos Bertrand veut “apprendre à faire mémoire et à vibrer avec les fantômes”, au même titre que les mots de la philosophe Donna Haraway, et s'inspire du mythe du Léthé, l’un des cinq fleuves des Enfers, qui permettent aux âmes des défunts de renaître après l'avoir traversé.

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196 vidéos dansées

Créée en 2020, la pièce Vestiges est née un an plus tôt, suite à la résidence de recherche de Taos Bertrand à la Villa Kujoyama à Kyoto. Taos Bertrand y crée 196 courtes séquences chorégraphiques filmées, des séances d’improvisations qui ont lieu dans une salle, mais aussi dans la nature, au bord de la mer ou au cœur de la forêt, entre Kyoto, Alger, Paris et Marseille. Ces 196 séquences créent petit à petit la phrase chorégraphique qui sert de base à Vestiges. Ce solo s’inscrit pleinement dans un diptyque avec la prochaine pièce de Taos Bertrand, La fin des forêts, une œuvre avec cette fois-ci plusieurs interprètes de la compagnie de la chorégraphe, qui sera créée en 2021.

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Arts traditionnels japonais

Taos Bertrand a débuté la pièce Vestiges à Kyoto, et le choix de l’archipel nippon pour cette création n’est pas un hasard. La chorégraphe souhaitait en effet travailler pour cette pièce au côté de Tatsushige Udaka, l'acteur du théâtre Nô, une forme d'art scénique traditionnelle japonaise apparue au XIVe siècle et éloge du geste lent. Elle découvre aussi le bunraku, (marionnettes de grande taille apparues au XVIIe siècle), ainsi que le butô, une forme théâtrale bien plus récente apparue dans la seconde motiié du XXe siècle. C’est dans la pratique de ces différentes gestuelles, et dans l'étude de leurs fondements philosophiques et intimes où les mondes des vivants et des morts sont en constante relation, que Taos Bertrand a mis en scène son solo Vestiges.

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L'Institut français et l'oeuvre

En 2018, Taos Bertrand a été lauréate de la Villa Kujoyama, résidence d’artistes au Japon soutenue par l’Institut français. C'est à l’issue de sa résidence qu'elle a réalisé Vestiges

En savoir + sur la Villa Kujoyama.