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Vị - Taste, de Lê Bảo
Jeune cinéaste de la scène vietnamienne, Lê Bảo imagine avec Vị - Taste, son premier film, un univers sombre et onirique, à la frontière entre rêve et réalité. Présenté à la Berlinale, ce drame a révélé un réalisateur fascinant.
Cinéphile autodidacte
Né en 1990 à Hô-Chi-Minh-Ville au Vietnam, Lê Bảo est un jeune cinéaste émergent. Enfant rêveur, il passe son temps à observer la rivière et les bidonvilles depuis la fenêtre de sa maison. Il se forge une culture cinématographique en regardant des films étrangers sur son ordinateur avant de réaliser, à seulement 20 ans, ses premiers courts-métrages : C ự c Than - Coal (2013) et Mùi - Scent (2014). Après avoir filmé son quartier, Lê Bảo choisit de se concentrer sur le destin d’un footballeur nigérian avec son court-métrage Vị - Taste, qui le révèle au Festival international du film de Singapour en 2016. Grâce à ce succès, le cinéaste décide de développer son récit et réalise son premier long-métrage éponyme. En 2021, il présente la version longue de Vị - Taste à la Berlinale.
Un monde à part
Pour Lê Bảo, Vị - Taste (2021) est l’occasion de s’intéresser à la peur de l’isolement. Son film se concentre sur le destin tragique de Bassley, un athlète nigérian venu à Saigon, au Vietnam pour jouer au football. Rapidement blessé à la jambe, le joueur est chassé de l’équipe. Pour faire face à ses déceptions, il réinvente son quotidien avec quatre autres femmes dans un bidonville sur pilotis. Dans une ambiance sombre et délétère, Lê Bảo dépeint chacune de leurs activités. Qu’ils épluchent les légumes, préparent le poisson, mangent, dorment ou fassent l’amour, les protagonistes sont relégués à leur état primitif.
Un tableau cinématographique
En 2016, Vị - Taste était d’abord un court-métrage salué par la critique pour son grand potentiel. Fort de ce succès, Lê Bảo décide d’approfondir son travail et signe son premier film éponyme en 2021. Marqué par l’exploitation des Nigérians à Saigon, il aborde l’histoire de son footballeur d’un point de vue plus expérimental, en se préoccupant moins du récit que de la valeur de ses images, volontairement énigmatiques. Quasiment muet, son film ressemble à une œuvre d’art que le spectateur doit contempler, sans vraiment chercher à la comprendre. Avec son éclairage crépusculaire et ses nuances de gris, le cinéaste met en lumière la chair humaine, avec des corps souvent nus, presque chorégraphiés. Très esthétique, Vị - Taste (2021) s’impose aux spectateurs comme une expérience visuelle, composée d’une mosaïque d’images oniriques.
Le tremplin de la Berlinale
Passé par l’Atelier de la Cinéfondation du Festival de Cannes, Vị - Taste (2021) est une coproduction de l’Allemagne, la Chine, la France, la Thaïlande ou encore Singapour. À mi-chemin entre Les Chiens Errants (2013) de Tsai Ming-liang et le cinéma d’Apichatpong Weerasethakul, ce drame expérimental a fait sensation au 71e Festival international de Berlin. Présenté dans la sélection Encounters du Festival, visant à soutenir l'œuvre de cinéastes indépendants novateurs, l'œuvre de Lê Bao a remporté le Prix spécial du jury. Une distinction prestigieuse qui a révélé l’audacieux travail de ce cinéaste émergent au monde entier.
Vị - Taste de Lê Bảo a été soutenu dans le cadre de l’Aide aux cinémas du monde.
Ce programme de l’Institut français apporte son soutien à des cinéastes étrangers sur des projets de films en coproduction avec la France, qu’il s’agisse de longs métrages de fiction, d’animation ou de documentaires de création. En savoir + sur l’Aide aux cinémas du monde