Amat Gueye, peintre, utilise une technique où il applique différents types d’encre sur du papier glacé, créant des profondeurs et des illusions optiques. Par sa dynamique intense et sa palette de couleurs, il conçoit des œuvres dont les marqueurs visuels sont symptomatiques d’une époque où le flux d’images numériques est constant, étendu et rapide. Son esprit artistique incarne une forme de nostalgie et d’évasion des années 1990, remplie de références aux dessins animés, aux jeux vidéo, aux mythes, à la fantasy. 

Les dessins d’Amélie Scotta interrogent l’habitat et l’urbanisme qui en résulte. Ils confrontent la monumentalité des bâtiments et les détails de leur construction comme un rappel de la masse humaine des villes pesant sur chacun de ses habitants. Travaillant de manière lente et obsessionnelle, elle privilégie le dessin pour sa simplicité matérielle et sa richesse infinie. Elle utilise la ligne et la géométrie, à la fois comme structures de ses œuvres, comme instruments, mais aussi pour évoquer des notions de déplacement, de cheminement ou de répétition.

Les créations d'Elise de Maio à mi-chemin entre livres et sculptures interrogent la fonctionnalité première d’un objet usuel à l’ère de l’obsolescence. Ainsi, le livre devient un espace sensuel à la fonction avortée qui vient questionner le geste ancestral du relieur ainsi que sa matérialité. Les livres impossibles naissent d’un désir de réappropriation du genre encyclopédique, à présent disponibles sous forme digitale, ces volumes sont relayés au rang d’objets endormis.

Élise Peroi s’exerce assidument au tissage, faisant émerger des paysages dans des fils de soie entrecroisés. Elle n’a de cesse de faire exploser les cadres, d’explorer toutes les potentialités du médium textile. Son installation “Forêt” est un jeu de de vide et de plein, qui créent des espaces non tissés. Techniquement chaque pièce est réalisée à partir d’une peinture de forêt sur un tissu de soie qui est peinte au préalable puis découpée en fines lamelles avant d’être retissée dans une chaine de lin donnant ainsi un côté vibrant à la peinture. 

Estelle Saignes designer textile, revisite la représentation d'un lac artificiel américain sous différentes coutures. Ce lac qu’elle a connu intimement, dont l’accès n’est plus possible qu’à l’aide de Google Maps ou d’archives photographiques héritées, se traduit en deux séries de tapisseries qui explorent la nature contrainte du lac lui-même, le rapport de mise à distance et d’imitation établi par les riverains et la fixation ambiante produite par cette entité paysagère quasiment vivante. 

Jérôme Bonvalot choisit le fusain, technique simple et immémoriale pour témoigner d'environnements inspirés des jeux vidéo et autres expériences de réalité virtuelle en 3D. Ce qui l’intéresse, c’est l’énergie déployée sous forme de dessins performatifs. Chaque trait restitue le geste qui l’a produit. Ses paysages ne figurent aucun lieu précis, ni réel ni virtuel, mais une façon de vivre un certain type d’expérience spatiale, souvent associé à des actions violentes. 

Léa Belooussovitch réalise ses dessins aux crayons de couleur sur du feutre de laine, à partir de morceaux choisis d’images de presse à caractère violent, une présence/absence de l’humain se dégage, cachée sous un voile de douceur. La vulnérabilité des scènes présentes dans les photos d’origine se voit absorbée par le feutre qui vient agir comme un sédatif visuel et une protection isolante. 

Loup Lejeune questionne les rapports de force qui s’exercent entre nature et culture. Les corps minéraux et organiques qu'il récolte (Pétrole brut, sang de limule, os fossilisés, fougères archaïques et pierres de lave) sont ensuite réduits en pigments pour la production des encres signifiantes qu’il utilise dans ses impressions. La technique protocolaire est ici éprouvée par la morphogenèse qui apporte une irrégularité et une singularité à la production sérielle. 

Lucien Roux dessine à l'aérographe des paysages inspirés d'images du sol martien et des vastes étendues américaines. Lucien Roux met en exergue la portée géopolitique des territoires extraterrestres qui suscitent des rivalités et nourrissent les projets de tourisme ou de colonisation spatiale de riches entrepreneurs. Bien qu’éthérées et contemplatives, les œuvres de Lucien Roux soulignent la capacité de ces images à réactiver une certaine idéologie de la conquête, basée sur la soumission de la nature par la technologie humaine. 

Vincent Chenut dessinateur de formation, entreprend le papier à la manière d’un volume. Il tient compte des deux côtés du matériau mais aussi des couches inframinces qui le composent. Ses dessins peuvent occuper chaque côté du support et aussi disparaitre dans l’épaisseur des déchirures.  La feuille de papier Émincée, fragilisée, permet à l'artiste de jouer des couches et des superpositions de couleurs comme des glacis de papier.