En juillet 2021, Pablo Bras découvre la note d’intention de la Commissaire générale de l’Exposition Internationale de Triennale Milano 2022, Ersilia Vaudo. Il soumet alors sa candidature pour la section française de cette 23e édition. 

Pour répondre au thème fixé par Ersilia Vaudo, Inconnus inconnus. Une introduction aux mystères, Pablo Bras constate que dans la période actuelle, remplie de grandes incertitudes, il paraît de plus en plus difficile de savoir quelle voie emprunter. C’est justement cette incertitude que souhaite révéler le contenu de Situations. Stratégies pour habiter l’instable : phénomènes, événements, coïncidences. 

Une manière de rendre cette incertitude visible a consisté́ à décider de montrer les objets comme des « stratégies ». Ils ne sont pas présentés comme des produits censés « résoudre » des problèmes identifiés au sein d’un scénario comme le fait traditionnellement le design, mais comme un ensemble de manières de faire, de donner forme. 

La volonté de montrer les relations entre les objets a rapidement nécessité de mettre en place des solutions pour les voir s’animer. C’est ainsi que Pablo Bras s’entoure très tôt de Juliette Gelli et Romain Guillet, dont les expériences dans le domaine de la scène ne pouvaient qu’apporter une teinte vivante au projet. À trois, ils ont pensé l’espace d’exposition. 

Les objets présentés dans l’espace ont été sélectionnés selon différents critères : en premier lieu leur utilité au sein de l’exposition, deuxièmement, l’économie de matière ou de geste qu’ils représentent, et troisièmement leur provenance d’entreprises françaises, qu’elles soient individuelles (designers indépendants et indépendantes) ou collectives (entreprises). 

Cette sélection est basée sur deux volontés fortes. D’une part, montrer au même endroit des pièces industrielles anonymes et des pièces dites « d’auteur », afin de réconcilier deux types de design qui se côtoient peu. D’autre part, c’est une tentative de mettre sur un même plan des éléments naturels et des objets industriels. 

Le parcours dans l’espace est articulé en trois grands moments. L’introduction a été pensée comme une invitation conceptuelle à considérer l’idée de « situations ». Puis vient l’espace proprement dit. À première vue, son agencement apparaît assez sec, avec simplement des objets disposés parmi un décor de briques. En réalité, ils sont organisés spécialement à différentes fins. Une troisième partie, enfin, est relative aux conditions de production de l’espace. Elle documente la fabrication de la scénographie mais aussi de certaines pièces qui ont été réalisées sur place. 

L’ensemble de l’exposition est produit depuis son approvisionnement jusqu’à son démantèlement d’une manière réflexive et économe. Certaines pièces et interventions sont réalisées in situ, selon des plans et instructions fournis par les artistes. L’ensemble devient ainsi un moment de convergence où se retrouvent pour un temps les objets et leurs supports de monstration, en attente de leurs vies futures. 

Les dépenses énergétiques sont recensées dans un bilan carbone. Celui-ci clôt d’ailleurs le recueil d’exposition. 
Les briques ont été pressées à la main, sur place, à Milan. Elles seront réinvesties suite à l’exposition dans l’espace qui en a accueilli la production. Celui-ci est un centre culturel milanais : Viafarini. Il a été calculé que, grâce au citronnier qui est présent dans l’exposition, et si celui-ci pousse convenablement, l’exposition atteindrait un jour la neutralité carbone. L’équipe envisage de planter ce citronnier dans la cour de l’Institut français à Milan en fin d’exposition.