Poursuivant son travail sur les langages à l’intersection de la danse, de la scénographie et de la lumière, Catarina Miranda propose avec Cabraqimera une pièce de danse envoûtante pour un quatuor sur patins à roulettes. Intéressée aux états de corps altérés, comme ceux qui se manifestent durant l’endormissement, l’artiste portugaise explore pourtant dans sa dernière création les effets de la vitesse : l’organisation spatiale qu’elle impose et l’ensemble de codes d’occupation, d’interceptions et de rencontres qui s’établissent. La dimension plastique et hypnotique des gestes est soulignée par un système lumineux fluorescent qui révèle des espaces négatifs et positifs, projetant le corps vers une altérité extrême et ouvrant le terrain à la fiction. 

En guise de prologue et épilogue à son spectacle Cabraqimera, Catarina Miranda adapte son installation Poromechanics à l’entrée de la Grande salle du Centre Pompidou. Le public est invité à découvrir les vidéos-portraits d’artistes / chorégraphes portugais contemporains, représentés comme des oracles. Filmés quelques instants après avoir été soumis à des états d’endormissement ou de transe, grâce à des exercices kinesthésiques et sonores, ces portraits donnent l’impression d’accéder aux « boîtes noires » de ces corps visionnaires, une fenêtre ouverte sur l’inconscient. 

Née en 1982, Catarina Miranda a développé et présenté des projets principalement pour la scène, travaillant avec des langages qui croisent la danse, la voix, la scénographie et la lumière, abordant le corps comme un véhicule de transformation hypnagogique (relatif à l’endormissement) et de prise de conscience du présent. Ses pièces telles que Dream is the Dreamer, Boca Muralha et Reiposto Reimorto, ont été présentées entre autres au Palais de Tokyo, à la Fondation Serralves, au Théâtre de Liège, au DDD - DIAS DA DANÇA FESTIVAL et au Festival Materiais Diversos. Elle a achevé un master EXERCE à ICI-CCN (Montpellier / Fr) et un diplôme en arts visuels à FBAUP - Faculdade de Belas Artes da Universidade do Porto. Elle a également étudié le théâtre NOH, au Kyoto Art Center, Japon. La pièce Cabraqimera et l’exposition Poromechanics sont ses projets les plus récents. 

Cette pièce explore la question des identités plurielles et transculturelles. Huit artistes de différentes disciplines confondues (danse, théâtre, musique, vidéo...) et d’origines diverses répondent à l’invitation de Jorge Andrade. De leur rencontre naissent des histoires croisées et des narrations entre réalité rêvée et héritage culturel : un prétexte artistique pour croiser leurs expériences uniques, pour découvrir tout ce qui les lie, et ce qu’ils partagent. Leurs différents passés sont empreints de migrations, d’exploitations coloniales, de guerres, mais aussi d’accords de paix et d’histoires d’amour. C’est ce passé qu’ils vont comparer, en essayant de comprendre comment leurs histoires respectives s’entrelacent. 

Sur le plateau la mise en scène est une fête populaire dans un village inventé au milieu d’un paysage transgénique, une tradition autour de la figure de Saint Jorge qui attire des personnes du monde entier. Les costumes ont une exubérance folklorique indéchiffrable. Plats typiques, traditions religieuses, rituels festifs se mélangent. Cornucópia est un spectacle musical et chorégraphique global, une « œuvre d’art totale » faite d’hybridité, d’une ethnicité réinventée, un espéranto performatif, une corne de l’abondance culturelle. 

Le projet HHY & The Kampala Unit, initié par le musicien et artiste Jonathan Uliel Saldanha lors de sa résidence à Nyege Nyege (Ouganda) en 2018, est une exploration d’un territoire nouveau dans la musique : mêlant dub, techno, tambours traditionnels et éléments de transe. Un trio international composé de Jonathan Uliel Saldanha à l’électronique, de la trompettiste et militante acharnée Florence Lugemwa et de Sekelembele (Fulu Muziki) aux tambours hybrides, tous deux originaires d’Ouganda.