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Portrait
Cinéma

Alice Guy

Fille d’un éditeur, j’avais beaucoup lu, pas mal retenu. Mais ma jeunesse, mon inexpérience, mon sexe, tout conspirait contre moi.

Première réalisatrice, scénariste et productrice de l’Histoire, Alice Guy reste une figure oubliée malgré sa carrière prestigieuse. En signant un millier de films en 20 ans, cette pionnière du cinéma a révolutionné le septième art avant la création d’Hollywood.

Mis à jour le 08/09/2020

5 min

Née en 1873 et décédée en 1968, la réalisatrice et productrice Alice Guy laisse derrière elle une immense carrière, menée des deux côtés de l’océan Atlantique. Elle fréquente le milieu du cinéma dès 1896, en tant que secrétaire au Comptoir Général de la Photographie chez Gaumont. Au cœur du studio, elle se lie d’amitié avec les frères Lumières et Frédéric Dillaye, qui lui enseigne la technique du cinéma. À force d’insistance, son patron l’autorise à réaliser ses propres films, en dehors de ses heures de travail. Si à cette époque, le cinéma n’est qu’un loisir et n’a pas encore acquis sa légitimité culturelle, Alice Guy sort son premier court-métrage La Fée au choux (1890). Forte de son succès, elle s’impose alors comme la première réalisatrice mais aussi la première productrice au monde en fondant aux États-Unis, son propre studio, La Solax.

 

Mélodrames, western, romances, comédies, fantastiques… Alice Guy explore tous les genres et choisit de s’engager : elle  démonte les clichés sexistes dans Madame à ses envies (1906), inverse les genres dans Résultats du féminisme (1906) ou met en avant des comédiens Noirs dans A Fool and His Money (1912). Dès 1910, cette figure incontournable du cinéma utilise sa notoriété française pour monter le studio de production le plus influent des États-Unis : La Solax. En charge des finances, son mari infidèle et joueur, Herbert Blaché Bolton, fait couler la société. Ruinée, la réalisatrice retourne en France et assiste impuissante, à l’ascension d’Hollywood. Malgré ses rencontres avec ceux qui ont façonné le septième art, de Charlie Chaplin à Max Linder, Alice Guy est ignorée par ses pairs et passera la fin de sa vie à revendiquer son travail. 

Maîtresse du septième art avant la création d’Hollywood, l’image d’Alice Guy a paradoxalement été effacée au fil des années. Si elle reçoit son diplôme de collaboratrice de la maison Gaumont en 1900 lors de l’Exposition Universelle qui se révéla être un véritable tremplin pour sa carrière, il faudra attendre 1957 pour qu’elle reçoive un hommage à la Cinémathèque française et une Légion d’honneur – un an plus tard - pour son travail prolifique. Depuis 2018, cette icône oubliée est célébrée chaque année à titre posthume, grâce à Véronique Le Bris et Hélène Mazzella, au travers du prix Alice Guy. Fondée pour encourager les réalisatrices à poursuivre ce métier, essentiellement masculin, cette récompense est donc attribuée à une cinéaste et son film.

  • 1900

    1900

    Avec La Fée aux choux, un film fantastique d’une minute, elle devient la première réalisatrice au monde.

  • 1910

    1910

    elle monte son premier studio, le Solax et entame une carrière aux États-Unis.

  • 1922

    1922

    Alice Guy rentre en France, ruinée.

  • 1927

    1927

    Ne trouvant pas de travail, elle retourne aux États-Unis pour récupérer, en vain, son œuvre.

  • 1968

    1968

    Alice Guy meurt sur le territoire américain.

L'Institut français et l'artiste

Alice Guy fait partie de la sélection de réalisatrices françaises, dans le cadres du cycle Pionnières du cinéma proposé par IFcinéma

13 oeuvres d'Alice Guy sont diffusées à l'international par l'Institut français.

L’Institut français propose un catalogue de plus de 2 500 titres permettant au réseau culturel et à ses partenaires de diffuser des films français dans le monde.

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L'institut français, LAB