
Amine Bouhafa
Internationalement célébré pour son travail sur le film Timbuktu d'Abderrahmane Sissako (2014), Amine Bouhafa fait partie des compositeurs les plus doués de sa génération. Sa musique épurée mêle le lyrisme classique avec les sonorités traditionnelles du continent africain.
Publié le 21/07/2020
2 min
Premier contact avec le piano à 3 ans, diplômé du conservatoire de Tunis à 12 ans, compositeur de musiques originales à 15 ans : le parcours d'Amine Bouhafa ressemble à un record de précocité. Pourtant, le compositeur tunisien oscille longtemps entre une carrière d'ingénieur et sa passion pour la musique. Ce n'est qu'en 2012 qu'il quitte la multinationale dans laquelle il travaille pour se consacrer pleinement à la composition. Il réalise alors les partitions de séries télévisées égyptiennes comme First Lady (2014), du documentaire de Souleymane Cissé O Ka (2015) et, surtout, du long métrage d'Abderrahmane Sissako Timbuktu.
Si le succès du film l'amène à travailler sur des projets plus symphoniques comme le ballet Du désir d'horizon de Salia Sanou, au Théâtre de Chaillot, en 2016, il consacre l'essentiel de son temps au cinéma où il accompagne les jeunes auteurs tunisiens Kaouther Ben Hania (La Belle et la Meute en 2017) et Mehdi M. Barsaoui (Un Fils en 2020).
Passionné de cinéma et élève studieux, Amine Bouhafa puise les éléments de son style musical aux sources du cinéma hollywoodien et de la musique tunisienne dans laquelle il baigne depuis son enfance. Dans la lignée des grands compositeurs du 7e art, il conçoit d'abord son travail comme un tissage précis, discret, au service du film et de la vision du metteur en scène.
Pour Timbuktu, Amine Bouhafa a mêlé les notes des instruments maliens – la kora, le n'goni – à des orchestrations de cordes et de bois issus de sa formation classique. En résulte une bande originale puissante qui ne cherche pas à souligner le récit, mais plutôt à en dévoiler une nouvelle dimension, à en exprimer le non-dit.
De la même manière, pour Le Miracle du Saint Inconnu d'Alaa Eddine Aljem (2020), le compositeur propose une musique en contrepoint, usant d'instruments décalés et de rythmes western pour révéler l'ironie du film.
Formé en Tunisie, en France où il passe par l'Académie internationale de musique de Nice, et aux États-Unis (MBA à l'Université de Californie), Amine Bouhafa possède une culture internationale avant même d'entamer sa carrière de compositeur. Il conquiert sa stature en obtenant trois prix pour le film Timbuktu : un César, le prix FESPACO de la meilleure musique et le prix France Musique – Sacem de la musique de film. Ce coup de projecteur mondial ne l'éloigne pourtant pas de son pays natal, la Tunisie, ni du monde oriental où il réalise l'essentiel de ses travaux, du Liban (Halal Love, d'Assad Fouladkar en 2015) au Maroc (Le Miracle du Saint Inconnu).
Amine Bouhafa n'hésite pas non plus à accompagner de jeunes cinéastes dans leurs débuts sur la scène internationale. Il compose ainsi la musique de Tu mourras à 20 ans (2019), premier film du Soudanais Amjad Abu Alala, récompensé à la Mostra de Venise 2019 du Prix Luigi de Laurentiis.
- 1986
1986
Amine Bouhafa naît à Tunis. Il découvre le piano par un jouet offert par sa mère à l'âge de 3 ans.
- 2001
2001
Il réalise les arrangements pour divers interprètes tunisiens – Rim Nagati, Lofti Bouchnak, Hela Melki.
- 2002
2002
Il compose sa première musique originale pour le court métrage Les Poupées de sucre d'Anis Lassoued.
- 2012
2012
Amine Bouhafa quitte son travail de consultant dans une multinationale pour se consacrer entièrement à la musique.
- 2015
2015
Le compositeur obtient trois prix, dont le César de la meilleure musique de film, pour la musique de Timbuktu d'Abderrahmane Sissako.
- 2019
2019
Amine Bouhafa revient pour la troisième fois au festival de Cannes cette fois-ci pour le premier film d'Alaa Eddine Aljem, Le Miracle du Saint Inconnu.

En 2016, le film Le Miracle du Saint Inconnud’Alaa Eddine Aljem a bénéficié du soutien de l’Aide aux cinémas du monde.
En savoir plus sur l’Aide aux cinémas du monde
Alaa Eddine Aljem a également participé à la Fabrique cinéma en 2016.
La Fabrique Cinéma de l’Institut français est un programme favorisant l’émergence de la jeune création des pays du sud sur le marché international, conçu par l’Institut français en étroite collaboration avec le Festival de Cannes.