
Anne Le Troter
Anne Le Troter enregistre, transforme, détourne les mots, dans des installations qui s'envisagent comme des sculptures de langage. Elle exploite les subtilités de la collection d’informations et leur digestion par notre société.
Mis à jour le 30/11/2021
2 min
Anne Le Troter étudie la sculpture à L'École de Design de Saint-Etienne, lorsqu'elle découvre l'enregistrement et les arrangements audio. Grâce à ces outils, elle entreprend de développer des sculptures acoustiques, d'abord basées sur sa propre voix. C'est le début de sa pratique, éminemment singulière, tournée vers le langage et ses mécanismes.
Sa pièce Fifi, Riri, Loulou (2011), inspirée par l'« Autrisme » de Robert Fillou, est une étape majeure dans la construction de sa démarche : elle enregistre des séries d'improvisations et coupe les silences entre les mots au montage, créant ainsi la sensation d'une pensée en pleine formation. Son spectacle Claire, Anne, Laurence (2012), présente ensuite les codes et les structures langagières que la jeune artiste a développé avec ses sœurs. Elle publie également L’Encyclopédie de la matière (2013) en collaboration avec la Haute Ecole d’Art et Design de Genève. Dans ce texte, elle explore les questions de matérialité du son, de la vidéo et de la sculpture.
Par le biais de la poésie sonore, de l’installation, du théâtre et de l’écriture, Anne Le Troter prend pour matière principale la parole et ses formatages protocolaires. Ses œuvres sont à la jointure de situations corporatives, domestiques et affectives, qu'elles étirent jusqu’à l’abstraction, tantôt dans un espace d’exposition, tantôt par le biais d'éditions, ou sur des formats digitaux.
Des mécaniques familiales jusqu'aux descriptions physiques de donneurs de sperme en passant par les excuses publiques de managers de stars nipponnes, l'artiste amplifie les mouvements contraires des normes du langage collectif et de l’expression individuelle.
Après la réalisation de deux travaux remarqués, Parler de loin ou bien se taire (2019) et Martagueule (2019), Anne Le Troter rejoint la résidence de la Villa Kujoyama pour réaliser un huis clos dans lequel elle décompose des affects par le langage, sur la base des sites Japonais destinés aux rencontres amicales. La parole y est envisagée comme un organe à part entière, permettant de faire battre un cœur et vivre un corps mental monté de toutes pièces.
Après un second diplôme à la Haute École d’Art et Design de Genève (2012), c'est en Suisse qu'Anne Le Troter obtient ses premières bourses de création. Elles la conduisent à exposer en France et à l’étranger, notamment à la biennale de Curitiba au Brésil, au Nasher Center de Dallas, et au Centre d’Art Contemporain Le Grand Café à Saint Nazaire.
Après une sélection remarquée au Salon de Montrouge (2016), le Palais de Tokyo présente la première exposition monographique de son travail (2017). En 2020, Anne Le Troter rejoint la résidence de la Villa Kujoyama, où elle construit des pièces sonores qui s’intéressent à la position du porte-parole individuel, du messager et du remplaçant.
- 2016
2016
Prix du Salon de Montrouge
- 2017
2017
Liste à puce, exposition monographique au Palais de Tokyo
- 2019
2019
Entrée dans la collection du Centre Pompidou
- 2020
2020
Apolo One, Fondation Pernod-Ricard
- 2020
2020
Résidence à la Villa Kujoyama
- 2021
2021
La veillée polyphonique des Zizanies, à l'espace Bétonsalon pour la Nuit Blanche

En 2020, Anne Le Troter a été lauréate de la Villa Kujoyama, un établissement du réseau de coopération culturelle du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, relevant de l’Institut français du Japon et qui bénéficie du mécénat de la Fondation Bettencourt Schueller, et du soutien de l’Institut français.
Elle sera de retour à la Villa Kujoyama en 2023, son séjour au Japon ayant été écourté en raison de crise sanitaire.
En savoir + sur la Villa Kujoyama