Né en 1981 à Saint Etienne, Benjamin Nuel développe une pratique qui se situe à la frontière du cinéma, du jeu vidéo et de l’art numérique. La 3D en temps réel, le détournement des codes propres à la création vidéoludique et de toute forme de narration linéaire sont au cœur de son travail depuis des années. Formé aux Arts Décoratifs de Strasbourg et au Fresnoy, c’est là qu’il développe son projet HOTEL, un jeu vidéo devenu série en deux saisons, diffusé sur Arte et exposé dans de nombreux lieux d’art. Également réalisateur de clips musicaux, notamment pour les artistes Phuture Doom, CHEVEU, Ricky Hollywood et Mick Strauss, il a aussi réalisé des moyens métrages traditionnels, comme Un cheval sans nom (2013), Les éclaireurs (2014) ou Silicon Valley (2015). 

Pour créer des machinimas, Benjamin Nuel part d’abord, comme beaucoup de réalisateurs, d’un scénario, avant de faire enregistrer les dialogues par des comédiens. Grâce à la motion-capture, il crée ensuite des animations crédibles, qu’il associe à la réutilisation de modèles 3D préexistants, par exemple issus des célèbres séries de jeu vidéo Counter Strike ou Les Sims. Naissent alors des œuvres qui peuvent s'expérimenter sous une forme interactive, mais où le cœur de l’expérience repose malgré tout sur un format narratif. Plus récemment, avec HÉRITAGE, une œuvre en réalité virtuelle de science-fiction qui nous invite à redécouvrir la Terre, le réalisateur joue avec les codes de la série Star Wars pour créer une série de décalages. De la même façon, son œuvre L'Île des Morts, coproduite par Arte, nous plonge dans une réinterprétation graphique du célèbre tableau d’Arnold Böcklin, au son du poème symphonique éponyme du compositeur Rachmaninov. 

Exposé lors de la Biennale de Venise en 2021, HOTEL synthétise les nombreux enjeux qui se croisent dans le travail de Benjamin Nuel : une expérience de l’espace particulière, une atmosphère volontiers parodique, et des formes de réécriture de matériaux fictionnels préexistants. Volontiers post-apocalyptiques, ou recourant à l’esthétique du glitch et de la perturbation, ses œuvres sont très régulièrement montrées et sélectionnées au sein de prestigieux festivals internationaux, comme le Busan International Film Festival, le Festival d’Annecy, la Mostra internationale de cinéma de Sao Paulo ou encore le World VR Forum. Son dernier film en VR, L’Île des Morts, a notamment reçu le Best Story Award de la 75ème Mostra de Venise, et le prix du meilleur film en VR du China International New Media Short film festival de Shenzhen.