de portraits
Portrait
Cinéma

Bertrand Tavernier

Les cinéastes sont des sismographes de leur époque.

Comme critique ou comme réalisateur, Bertrand Tavernier défend une vision du cinéma au service du récit et des personnages. Ses films, hantés par le thème de la filiation, font écho à son goût pour la transmission du savoir.

 

Mis à jour le 29/05/2019

2 min

Est-ce la conséquence d’une adolescence passée à étudier dans un rigoureux pensionnat ? Ou bien le souvenir imposant d’un père Résistant, poète et ami d’Aragon ? Toujours est-il que le cinéma de Bertrand Tavernier ne cesse, dès son premier film, L’Horloger de Saint-Paul (1974), d’interroger le lien père/fils et la légitimité des institutions.

Cinéaste engagé contre toutes les formes d’injustice, Tavernier traverse de nombreux genres, de l’anticipation (La Mort en direct, 1980) aux reconstitutions historiques (Capitaine Conan, 1996).

Président de l'Institut Lumière, à Lyon, depuis sa création en 1982, il est aussi un ardent défenseur du film de patrimoine, comme le montre Voyage à travers le cinéma français, documentaire érudit réalisé en 2016.

Lire le travail de critique de Bertrand Tavernier permet aussi de mieux comprendre son œuvre. Dans les années 1950, à contre-courant de l’époque, le réalisateur français défend ardemment le Britannique Michael Powell ou le Français Jean Devaivre. À travers eux, il affirme une conception de la mise en scène comme art au service du récit. Proche d’une forme de néoclassicisme à ses débuts, il puise son inspiration dans la littérature, mais aussi dans la société qu’il ausculte avec un regard sensible. Ainsi, avec L.627 (1992), il s’immerge dans le réel avec un style dépouillé.

Cette tension entre réalisme et dramaturgie trouve son expression la plus aboutie dans L’Appât (1995), récit sans fard d’un fait divers, pour lequel il obtient l’Ours d’or à Berlin.

Bertrand Tavernier n’a jamais caché sa fascination pour le cinéma et la littérature américains. Cette relation culmine en 2009 avec la réalisation d’un film aux États-Unis, tourné en anglais : Dans la brume électrique (2009).

Incarnation du cinéaste érudit, parfois considéré comme le pendant français de Martin Scorsese – son Voyage à travers le cinéma français est un clin d’œil au Voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain réalisé en 1995 –, il reste un des cinéastes français les plus reconnus à l'étranger.

Récompensé deux fois à Berlin, Bertrand Tavernier fait partie du cercle très fermé des réalisateurs français à avoir obtenu un Lion d'or d'honneur à Venise. Avant lui, seuls Robert Bresson, Éric Rohmer et Alain Resnais avaient reçu cette distinction.

Electric Mist  (Dans la brume électrique) ( trailer )
Dans la brume électrique ( bande-annonce )
  • 1960

    1960

    Bertrand Tavernier assiste Jean-Pierre Melville sur le tournage de Léon Morin, prêtre.

  • 1974

    1974

    Son premier film, L’Horloger de Saint-Paul, obtient une reconnaissance immédiate et deux récompenses : le Prix Louis-Delluc et l’Ours d’argent à Berlin.

  • 1982

    1982

    Bertrand Tavernier fonde, en compagnie de Thierry Frémaux et Bernard Chardère, l’Institut Lumière à Lyon, dont il est aussi le président.

  • 2009

    2009

    Dans la brume électrique lui permet de réaliser un vieux rêve : tourner aux États-Unis. Le film sera toutefois diffusé dans deux versions différentes suite à un désaccord avec le producteur, Michael Fitzgerald.

  • 2015

    2015

    Le jury de la Mostra de Venise lui décerne un Lion d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

L'Institut français et le cinéaste

Quatre films de Bertrand Tavernier sont diffusés par l'Institut français à l'international : La Vie et rien d'autre (1989), Capitaine Conan (1996), Quai d'Orsay (2013), Voyage à travers le cinéma français (2015). 

 

En savoir + sur le catalogue cinéma.

L'institut français, LAB