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Portrait
Danse

Calixto Neto, chorégraphe soutenu à l'international par l'Institut français

Certaines pièces ont la capacité de perdurer dans le temps pour leur caractère intemporel, comme si elles venaient d’être créées à chaque fois qu’elles sont montrées.

Le chorégraphe et interprète Calixto Neto s’apprête à reprendre son spectacle Feijoada avec une nouvelle équipe d’artistes et de musiciens résidant au Portugal. Une communion autour d’une roda de samba, nourriture et danse ouvrent une réflexion sur l’héritage laissé par la colonisation et l’esclavage. 

Calixto Neto bénéficie du soutien de l’Institut français, notamment pour ses projets à l’international. 

Mis à jour le 21/06/2023

2 min

Formé au théâtre à l’université Fédérale de Pernambuco, région du nord-est brésilien dont il est originaire, et à la danse au sein du Groupe Expérimental de Danse de Recife, Calixto Neto arrive en France en 2013. Il y poursuit son parcours au sein du Centre Chorégraphique National de Montpellier. Après avoir fait partie de la compagnie de la chorégraphe Lia Rodrigues, il entame plusieurs collaborations en tant qu’interprète avec des figures importantes de la danse contemporaine comme Volmir Cordeiro, Anne Collod ou Mette Ingvartse. En parallèle, il s’essaye à la création de solos, comme petites explosions, oh!rage et Outrar, d’après une proposition de Lia Rodrigues. Il développe ainsi un langage chorégraphique qui affronte les questions décoloniales et s'intéresse aux représentations et aux assignations des corps noirs ou LGBT+. Un travail qui l’amène en 2020 à reprendre le célèbre solo O Samba do crioulo doido, du chorégraphe Luiz de Abreu. 

A travers sa pratique, Calixto Neto interroge la place des corps noirs dans la société brésilienne et les stéréotypes qui s’y projettent, entre fétichisation et exotisation. C’est notamment le cas dans son récent spectacle O Samba do crioulo doido, reprise d’un solo mythique créé par Luiz de Abreu en 2004. Le danseur y rejoue des stéréotypes pour mieux les déjouer, à travers un jeu d’ombres et de contorsions qui se détache sur un fond composé de drapeaux du Brésil attachés ensemble. Le corps de Calixto Neto s’en libère et se déploie progressivement, en mimant différentes assignations qui renvoient au labeur, à la sexualité ou encore au carnaval, pour mieux les neutraliser et se réapproprier sa propre enveloppe. Un spectacle emblématique qui permet au sujet-dansant de se déprendre de son statut d’objet pour le regard de l’autre, pour redevenir pleinement maître de ses mouvements et de son parcours sensible sur la scène. 

En 2023, Calixto Neto reprendra son spectacle Feijoada, à travers une nouvelle version intitulée Feijoada - Recréation. Accompagné sur scène de musiciens et de danseurs rassemblés autour d’une roda de samba - un groupe d’artistes rassemblés autour d’une table -, les chansons y alternent avec les lectures, les danses, et les différentes étapes de préparation de ce plat emblématique. Symbole de la gastronomie brésilienne, la feijoada est un plat dont les origines sont sujettes à débat, mais qui évoque invariablement la cuisine des classes sociales les plus défavorisées. Plat composé des morceaux les moins coûteux du marché, il fonctionne encore aujourd’hui comme une puissante métaphore sociale. Cette nouvelle version réunit l'équipe de base du projet (Calixto Neto, Ana Laura Nascimento et Yure Romão) et une nouvelle équipe de musiciens brésiliens et artistes interprètes résidant au Portugal, pour amorcer une nouvelle réflexion sur la relation entre le Brésil, le Portugal et la diaspora afro-brésilienne. 

  • 2013

    2013

    Arrivée à Montpellier.

  • 2020

    2020

    Il reprend la célèbre pièce O Samba do Crioulo Doido.

  • 2021

    2021

    Outrar, en collaboration avec Lia Rodrigues.

  • 2023

    2023

    Feijoada - Recréation, reprise de son spectacle Feijoada.

L'institut français, LAB