
Claire Denis
Violent, dérangeant, joyeux : l’œuvre de Claire Denis célèbre l’amour sous toutes ses formes. Son goût pour les expériences formelles audacieuses font d’elle l'une des cinéastes françaises les plus reconnues à l’étranger.
Mis à jour le 18/03/2019
2 min
Fille d’un fonctionnaire français en Afrique, Claire Denis passe son enfance, dans les années 1950, entre le Cameroun et le Burkina Faso – deux pays dont la nostalgie imprègne fortement son œuvre. De retour à Paris, elle découvre le cinéma du réalisateur japonais Yasujiro Ozu, mais se sent déracinée.
Sa vocation de cinéaste tient à deux rencontres majeures : fraîchement diplômée de l’Institut des hautes études cinématographiques (aujourd’hui Fémis), elle assiste Wim Wenders et Jim Jarmusch sur leurs tournages. Chacun l’encourage à faire des films et elle passe derrière la caméra avec Chocolat (1988), premier long-métrage largement inspiré de ses souvenirs d’enfance.
Qu’elle obtienne un Léopard d’Or à Locarno pour Nénette et Boni (1996) ou secoue Cannes avec Trouble Every Day (2001), son œuvre âpre et lyrique laisse rarement indifférent.
L’œuvre de Claire Denis s’appréhende d’abord par son rapport au corps. Jalonnés de chorégraphies éperdues (les légionnaires de Beau Travail, 1999) et sensuelles (le trio amoureux de 35 Rhums, 2008), ses films passent par le mouvement pour arriver au sentiment. L’amour et le désir y sont des motifs primordiaux que la cinéaste déploie pour questionner les rapports entre amants d’un soir ou entre frères et sœurs.
Fidèle à ses acteurs – notamment Alex Descas ou Grégoire Colin –, à la chef opératrice Agnès Godard et à la musique vénéneuse des Tindersticks, son œuvre prend souvent une tonalité sombre. La cinéaste, qui se dit « pessimiste comme personne », ne condamne pourtant jamais ses personnages et aime aussi regarder vers la lumière, comme dans la comédie romantique Un beau soleil intérieur (2017).
Depuis son premier film, Claire Denis nage entre les courants du cinéma français. Loin du naturalisme, elle développe un regard singulier qui lui donne une place à part sur la scène internationale. Si la critique française n’est pas toujours tendre avec son style, marqué par un traitement radical et sensuel des corps et de la couleur, la cinéaste jouit d’une aura importante à l’étranger.
De Barry Jenkins (récompensé aux Oscars pour Moonlight, 2016) à Maren Ade (Toni Erdmann, 2016), de nombreux jeunes cinéastes ont confessé une fascination pour son travail. Robert Pattinson, interprète d'Edward dans la saga à succès Twilight, a également choisi la cinéaste pour prendre un nouveau virage : c’est lui qui a sollicité Claire Denis pour le rôle principal de High Life (2018).

- 1950
1950
Claire Denis passe son enfance en Afrique. Cette période la marquera profondément.
- 1969
1969
Sur les conseils de son premier mari, Claire Denis entre à l’Institut des hautes études cinématographiques.
- 1984
1984
Claire Denis est l'assistante de Wim Wenders pour Paris, Texas et Les Ailes du Désir, puis de Jim Jarmusch pour Down by Law.
- 1988
1988
Son premier long-métrage, Chocolat, est une chronique autour de la fin de l'ère coloniale en Afrique. Le film s'inspire largement des souvenirs d'enfance de la cinéaste.
- 1996
1996
La réalisatrice reçoit le Léopard d’or à Locarno pour Nénette et Boni, récit d'une relation frère/sœur fusionnelle dans un Marseille nocturne. Le film, baigné d'une lumière âpre, est marqué par la présence de deux acteurs, Alex Descas et Grégoire Colin.

Sept films de Claire Denis sont diffusés à l'international par l'Institut français : S'en fout la mort (1990), Jacques Rivette, le veilleur (1990), J'ai pas sommeil (1993), Beau travail (1999), L'Intrus (2004), Trouble Every Day (2001), 35 Rhums (2008).
L’Institut français propose un catalogue de plus de 2 500 titres permettant au réseau culturel et à ses partenaires de diffuser des films français dans le monde.