Ernesto de Sousa (1921 - 1988) est une figure protéiforme, à la fois artiste pluridisciplinaire prolifique et penseur iconoclaste, qui fait office de passerelle entre différentes générations d’artistes portugais et internationaux. Attaché à l’idée d’une expression artistique expérimentale et sans contraintes, il est à la fois commissaire d'exposition, critique, photographe, réalisateur et metteur en scène. 

Dès les années 60, il se lie au mouvement Fluxus et à la néo-avant-garde européenne, par le biais de ses amis Robert Filliou et Wolf Vostell. Il commence alors à développer une pratique artistique collective et transdisciplinaire, comme en témoignent sa pièce de théâtre Nós Não Estamos Algures (1969), son film Almada, Um Nome de Guerra (1969-1972) et les nombreuses expositions qu’il a conçu, qui sont régulièrement remontées depuis sa disparition. 

Tout au long de sa carrière, Ernesto de Sousa a organisé des conférences, des expositions et des ateliers sur le cinéma expérimental, sur l'art vidéo, sur la performance ou le happening. Son exposition Alternativa Zero, à la Galeria Nacional de Arte Moderna de Lisbonne (1977) synthétise cette vision et sa volonté d’établir des ponts avec la scène internationale. 

En 1962, il signe un unique long métrage, Dom Roberto (1962), considéré comme le premier exemple de Novo Cinema, et récompensé deux fois au Festival de Cannes. Par la suite, Ernesto de Sousa sera le commissaire portugais de la Biennale de Venise en 1980, 1982 et 1984. Au cœur de sa pratique, il y a l’idée centrale que concevoir une exposition est un geste équivalent à la création d’une œuvre d’art. 

L’exposition Ernesto de Sousa -  Exercices collectifs de communication poétique, qui lui était consacrée à Lisbonne de décembre 2021 à février 2022, rend hommage à son approche protéiforme de l’art, à travers une perspective intergénérationnelle qui fait intervenir de nombreux artistes contemporains de la scène portugaise et internationale. Sa célèbre devise « mon corps est ton corps, ton corps est mon corps » fait ainsi office de manifeste à cette grande rétrospective, qui revisite notamment sa première exposition A Tradição como Aventura ( « La Tradition comme Aventure », 1978), ainsi qu’une sélection d’œuvres, de projets collectifs et curatoriaux datant des années 1960 aux années 1980.