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Portrait
Livre

Fawzia Zouari

Aujourd’hui les femmes n’écrivent plus par ruse et pour survivre, comme Shéhérazade à la suite de la sentence de Chahriar. Elles écrivent parce que c’est devenu une nécessité.

Autrices de plusieurs romans aux inflexions parfois autobiographiques, l’écrivaine franco-tunisienne Fawzia Zouari s'interroge depuis près de deux décennies sur la place de la femme dans les sociétés méditerranéennes. 

Publié le 21/01/2022

5 min

Fille d’un cheikh, figure d’autorité et garant de la transmission du savoir religieux, Fawzia Zouari est la première parmi ses sœurs à accéder à une véritable éducation. Après des études de lettres à Tunis, elle arrive en France en 1979 et y commence un doctorat. Sa thèse consacrée à Valentine de Saint-Point, petite nièce de Lamartine, figure du futurisme et pionnière de la performance, lui servira de point de départ pour son premier roman, La Caravane des Chimères (1990). Après une dizaine d’années à l’Institut du Monde Arabe, où elle travaille notamment à la revue Qantara, elle rejoint en 1996 l’hebdomadaire Jeune Afrique, pour lequel elle écrit encore aujourd’hui. Entretemps, elle a publié de nombreux romans, principalement sur la condition de la femme maghrébine, à l’image du très remarqué Le Corps de ma mère (2016), qui lui permet de remporter l’année suivant le Prix des cinq continents de la Francophonie.

Fawzia Zouari se montre à la fois très attachée à son identité musulmane et laïque, mais surtout à la langue française. Une approche qu’elle détaille dans Molière et Shéhérazade (2018), où elle affirme que « la langue française [l’a] reçue sans conditions, tout en s'interrogeant sur le paradoxe suivant : « puis-je dire ma mère dans la langue d’une autre mère ? ». Elle avouera en effet, au moment de la publication de son roman Le Corps de ma mère (2016), avoir eu besoin d’attendre le printemps arabe tunisien pour se sentir à même d’écrire, par le biais d’une fiction, sur certains aspects de son passé familial. Plusieurs de ses ouvrages abordent d’ailleurs la question de la place de la femme dans la société maghrébine, à l’image de La Deuxième épouse, publié en 2008. 

Fawzia Zouari intervient régulièrement dans les médias et a publié de nombreuses tribunes, notamment sur la question de la place de la femme dans les sociétés méditerranéennes. Dans « Pour un féminisme méditerranéen » (2001), elle met en avant la nécessité pour le féminisme « d’échapper à la facture rigide du féminisme nordique comme au programme d’exclusion des femmes islamistes ». Une position intermédiaire qui est réaffirmée dans son livre Je ne suis pas Diam’s (2015), en référence à la rappeuse française convertie, où elle raconte qu’initialement opposée à la législation sur le voile, elle y est à présent favorable. Fawzia Zouari ne se définit pourtant pas comme une écrivaine militante et a déclaré à plusieurs reprises préférer parler en son nom propre et explorer, à travers l’écriture romanesque, ses propres questionnements intérieurs. Depuis 2017, elle est à l’origine du Parlement des écrivaines francophones, dans le cadre des Voix d’Orléans - Rencontres de la Francophonie. 

  • 1955

    1955

    Naissance en Tunisie, dans le Kef.

  • 1979

    1979

    Arrivée en France pour un doctorat en littérature française et comparée, à la Sorbonne.

  • 1990

    1990

    La Caravane des chimères, son premier roman, sur la figure de Valentine de Saint-Point.

  • 2016

    2016

    Le Corps de ma mère, prix des cinq continents de la Francophonie.

  • 2017

    2017

    Elle lance le Parlement des écrivaines francophones.

L'Institut français et l'autrice

Dans le cadre du programme Livres des deux rives, Fawzia Zouari anime un atelier de traduction entre le français à Tunis à la fin du mois de janvier. 

Livres des deux rives est un programme, mis en œuvre par l’Institut français, qui vise à soutenir le dialogue entre les sociétés civiles des rives Nord et Sud de la Méditerranée par des actions de coopération autour du livre. 

En savoir + sur Livres des deux rives 

L'institut français, LAB