Née en 1987 à Port-au-Prince, Gaëlle Bien-Aimé vit aujourd’hui principalement en France. Activiste et membre de l’organisation féministe haïtienne Nègès Mawon, elle a cofondé à Port-au-Prince l’école de formation dramatique Acte. Sa troupe de théâtre Corps et âme est active depuis 2004. En 2010, elle poursuit ses études, à l’ESACT de Liège, avant de créer l’année suivante Le Genre et le Nombre, un spectacle d’éducation sexuelle. En novembre 2015, elle forme également au stand-up à l'École nationale de l’humour de Montréal, avant de signer un premier one-man-show, #JeSuisGaëlle en 2017. 

Après avoir créé Talon aiguille, talon d’Achille (2015) elle met en scène en 2020 Avilir les ténèbres, une pièce du poète haïtien Jean d’Amérique, avec qui elle partage une communauté de thèmes et une même esthétique lyrique. La même année, une résidence d’écriture à la Maison des Auteurs (Limoges) donne naissance à Que ton règne vienne, un puissant dialogue théâtral qui sera représenté au Festival d’Avignon. 

Prenant souvent la forme d’un dialogue entre deux personnages, les pièces de Gaëlle Bien-Aimé s'enracinent dans le vécu quotidien haïtien, un pays dont elle a dû s'éloigner à cause de la violence extrême qui y règne, spécialement dirigée contre les femmes. Activiste depuis de nombreuses années au sein de l’association Nègès Mawon, Gaëlle Bien-Aimé s’attelle à travers ses spectacles humoristiques et ses pièces de théâtre à détricoter le machisme qui s’insinue dans la vie de tous les jours, dans les paroles, les peurs. Dans son texte de théâtre Que ton règne vienne, deux hommes se retrouvent ainsi bloqués dans les rues en proie aux flammes de Port-au-Prince. Dans ce climat d'insurrection et de violence, ils évoquent la complicité de l’État avec les gangs, les féminicides et les nombreuses autres difficultés que connaît le pays. 

En 2022, Gaëlle Bien-Aimé est lauréate du Prix RFI Théâtre, ce qui lui vaudra d’être diffusée sur les ondes de RFI dans le cadre du cycle de lectures Ça va, ça va le monde ! enregistré au Festival d’Avignon. La même année, elle est lauréate de la résidence d’écriture Afriques Haïti, proposée par ALCA et l'Institut des Afriques, et qui lui fournit l’occasion d’écrire une nouvelle pièce, Port-au-Prince et sa douce nuit. Dans cette pièce, on retrouve la forme du dialogue : dans la capitale haïtienne, deux amoureux passent une nuit ensemble et évoquent la manière dont la ville est devenue un piège qui s’est refermé sur eux, les empêchant de se projeter dans une vie de couple. En même temps, leur amour leur permet de redonner un sens à cette ville déchirée : comme l’exprime l’autrice elle-même, « c’est une histoire d’amour entre deux personnes et la ville de Port-au-Prince où elles habitent ».