Guy Régis Junior passe les premières années de sa vie près d'une nature luxuriante, à Liancourt, au nord de la capitale haïtienne, où il est né en 1974. Cette enfance solitaire, marquée par l'absence du père, imprègne son écriture de lyrisme, où la jeunesse tient une place importante. 

Installé à Port-au-Prince dans les années 1990, il exerce huit ans en tant que technicien de scène avant de créer sa propre compagnie, NOUS Théâtre, qui secoue la scène artistique locale avec ses représentations spontanées dans la rue ou dans les bâtiments publics. Ces expérimentations donnent lieu à Service Violence Série, acte fondateur de son travail – joué de 2001 à 2005 – qui assoit sa réputation de dramaturge audacieux. 

Son œuvre protéiforme se décline en poésie (Le Temps des Carnassiers, 2000), roman (Le Trophée des capitaux, 2011), traduction (Albert Camus, Marcel Proust), mais surtout en pièces radicales où brillent des femmes puissantes (Mourir tendre, 2013) et les drames de son pays (Reconstruction(s), 2018).

Les premiers travaux de Guy Régis Junior, influencés à la fois par les musiques traditionnelles haïtiennes comme le rara et les principes dramaturgiques du metteur en scène russe Meyerhold, l'amènent vers un théâtre révolutionnaire qui brave les conventions du genre et de la société. Cette recherche esthétique s’articule tout au long de son œuvre avec la volonté de porter un regard lucide et passionné sur Haïti. 

Le tremblement de terre survenu sur l'île en 2010 devient ainsi le thème d'une méditation théâtrale mélancolique (De toute la terre le grand effarement, 2011), tandis que le récit intime de l'absence de son père (Les cinq fois où j'ai vu mon père, 2020) lui permet de mêler souvenirs d'enfance et tableau de son pays sous la dictature des Duvalier.

Dès Service Violence Série en 2001, Guy Régis Junior séduit le public international. Il obtient plusieurs bourses et résidences artistiques – au Tarmac de la Villette en 2006 ou à l'Échangeur, à Bagnolet, en 2011 – qui lui permettent de développer son langage théâtral et de le confronter aux spectateurs étrangers. Jouées en Belgique, au Congo ou aux États-Unis, mais aussi sur sur les scènes de grands festivals comme le Festival d’Avignon en 2011, ou encore Les Francophonies, à Limoges, en 2016, ses pièces font résonner la culture haïtienne dans une langue universelle. 

Cet engagement s'exprime aussi, depuis 2014, à travers son rôle de directeur artistique du festival de théâtre Quatre Chemins à Port-au-Prince. L'évènement accueille des artistes venus du monde entier et prolonge sa volonté de faire vibrer, encore et toujours, le monde culturel haïtien.