Né en 1986 en banlieue parisienne, Julien Creuzet passe l'essentiel de son enfance en Martinique. Ces premières années dans les Caraïbes, au croisement des cultures africaines, indiennes et européennes, imprègnent une œuvre où le mélange des imaginaires tient une place centrale. 

De retour en France, il passe par l'École Supérieure d'Arts de Caen, les Beaux-Arts de Lyon avant d'intégrer, en 2012, le Studio national des arts contemporains du Fresnoy. Il commence alors à exposer – « Standard & Poor's, le nouveau monde » en 2012 et 2013, de Turin à Caen ; plateau Jeune création du Centquatre, à Paris, en 2012. 

Exposées à la Biennale de Lyon ou dans le cadre du festival Hors-Pistes au Centre Pompidou en 2017, à la Fondation Ricard en 2018, ses installations protéiformes imposent vite leur liberté formelle sur le marché de l'art.

Confrontant sans cesse le son, l'écrit et la matière brute (bois, végétal, métal), Julien Creuzet conçoit son œuvre comme un tout, où le sens jaillit des récits portés par chaque objet. Le coquillage – à la fois objet spirituel, forme dynamique et écrin où gisent des histoires – y constitue une pièce symbolique récurrente. 

Les premières installations de Julien Creuzet comme Opéra-Archipel (2015) se réfèrent également au post-colonialisme à travers un subtil réseau de références, telles que Les Indes galantes de Rameau ou un numéro de 1931 de la revue Toutes nos colonies.

L'influence du philosophe et poète antillais Édouard Glissant, à travers sa définition de la créolisation comme choc et harmonie des cultures, imprègne des œuvres comme Head-to-head, Hidden head, Light (2017) ou Maïs Chaud Marlboro (2018). Cette dernière installation, immersive, en réalité virtuelle, présentée dans le cadre du VR Arles Festival, marque aussi sa volonté de s'ouvrir à tous les supports pour mieux réinventer les récits historiques.

Par sa culture métissée et sa démarche esthétique, Julien Creuzet s'affirme comme un artiste dont les productions résonnent partout dans le monde. Ses projets ont été présentés en Colombie, aux États-Unis, en Italie, ainsi que sur le continent africain à la Biennale de l'Art contemporain de Dakar (2016) et aux Rencontres de Bamako (2017) où il reçoit le prix de l'Organisation internationale de la Francophonie pour Head-to-head, Hidden head, Light.

Certaines de ses œuvres ont intégré les collections de Lafayette Anticipations – qui abrite Ricochets, les galets que nous sommes finiront par couler (2017) – ou du Centre Pompidou – qui acquiert l'installation Me sens tu par terre, petits jeux […](2018) en 2019. Un parcours qui fait écho à l'ambition de l'artiste : raconter, par la mise en relation des formes, quelque chose de l'expérience humaine.