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Portrait
Arts visuels

Laïla Hida, artiste et commissaire lauréate du Prix Recanati-Kaplan

Mon travail est l’aboutissement d’un processus où le regard vers l’extérieur se tourne vers l’intérieur, par nécessité d’aborder des questions plus intimes et donc plus universelles.

En résidence à la Villa Arson en 2022, avec l’appui du programme Visas pour la Création de l’Institut français, l’artiste et commissaire Laïla Hida, fondatrice du lieu Le 18 à Marrakech, est la première lauréate du Prix Recanati-Kaplan. Elle fera également partie l’année prochaine des commissaires sélectionnés dans le cadre du projet d’exposition itinérante Art Explorer. 

Mis à jour le 11/07/2023

5 min

Née à Casablanca en 1983, Laïla Hida étudie à Paris avant de revenir au Maroc en 2009. C’est là qu’elle inaugure en 2013 Le 18, un lieu culturel niché au cœur de la médina de Marrakech qui devient progressivement un incontournable de la scène artistique marocaine. Depuis lors, elle conjugue son travail de commissaire et sa pratique personnelle, qui se déploient sur plusieurs projets au long cours. C’est notamment le cas d’Everything is temporary, constitué d'archives et de fragments initialement destinés à un livre, qui témoigne aussi d’un rapport au temps caractérisé par l’urgence et l’éclatement. Une dimension que l’on retrouve dans son installation The Long and Slow Decay of Things, réflexion sur la décrépitude des objets et sur leur progressif effacement. Très ancrée dans son contexte local, Laïla Hida mène également de nombreux travaux en rapport avec Marrakech et sa population, confrontée à un tourisme de masse et à la patrimonialisation de son identité. 

Depuis plus d’une décennie, la recherche de Laïla Hida porte notamment sur comment les espaces publics et privés font l’objet de négociations et d’un partage souvent perçu comme inégalitaire. A travers ses œuvres, souvent créées en collaboration ou avec la complicité des habitants locaux de Marrakech, elle explore notamment les conséquences du tourisme de masse. C’est ainsi le cas de Boulevard de la résistance, qui s’intéresse à la figure du guide « officiel », par opposition au « faux guide », souvent un habitant qui se promène en ville avec des étrangers en espérant quelque chose en retour. Une oeuvre composée d’une série d’interviews et d'interventions dans l’espace public qui résonne également avec Arnakech, une installation et un dispositif photographique d’abord installés sur la célèbre place Jemaa El Fna à Marrakech, qui reprend notamment plusieurs motifs stéréotypés de l’Orient comme le palmier. 

Lauréate Visa pour la Création, Laïla Hida est résidente à la Villa Arson en 2022, où elle développe son projet artistique et curatorial L'Oasis des savoirs endogènes, qui s'interroge sur la présence du palmier dans des espaces où il n’était pas naturellement présent à l’origine, dans des villes comme Nice ou Los Angeles. Symbole orientaliste aux significations multiples et complexes, l’oasis est à la fois un lieu de rencontre, de circulation mais aussi d’appropriation coloniale. Laïla Hida était par ailleurs cette année la première lauréate du Prix Recanati-Kaplan 2023, fruit d’une collaboration entre la Fondation Recanati-Kaplan et la Villa Albertine, en partenariat avec l'Institut du monde arabe, qui lui permettra de poursuivre ses recherches pendant une résidence de deux mois aux Etat-Unis. Elle fera aussi partie en 2024 d’une sélection de commissaires d'exposition retenus dans le cadre du festival itinérant d'Art Explora, un projet d’une ampleur inédite qui verra le bateau-musée ARTEXPLORER, le plus grand catamaran du monde, accoster dans près d’une dizaine de port méditerranéens.

  • 1983

    1983

    Naissance à Casablanca.

  • 2013

    2013

    Fondation du lieu Le 18, à Marrakech.

  • 2015

    2015

    Début du projet "Everything is temporary."

  • 2022

    2022

    Résidente à la Villa Arson.

  • 2023

    2023

    Lauréate du Prix Recanati-Kaplan.

L'institut français, LAB