de portraits
Portrait
Débat d'idées

Michaël Foessel

On parle beaucoup du "vivre-ensemble", je préfère l'aborder de manière plus concrète, à partir des expériences sensibles que nous partageons.

Penseur des Lumières et de la modernité, Michaël Fœssel alimente le débat public par des essais philosophiques aux sujets atypiques. De l'intime à la nuit, il décèle le politique là où on ne l'attend pas.

Mis à jour le 21/02/2019

2 min

Michaël Fœssel manifeste tôt un besoin d'indépendance intellectuelle, qui le pousse à retourner chez lui, en Alsace, après une hypokhâgne étouffante au prestigieux Lycée Henry-IV à Paris. Il poursuit ensuite un cursus classique brillant, de l'École normale supérieure à l'obtention en 2013 d'une habilitation à diriger des recherches, avant de succéder à Alain Finkelkraut au poste de professeur de philosophie à l'École polytechnique à l’âge de 38 ans seulement. 

À la fois bien installé dans le monde médiatique – il fait partie de la direction de la revue Esprit– et critique à l'égard des élites, Michaël Fœssel dit vouloir apprendre aux dirigeants de demain à interroger leurs actions, exercice qu'il pratique lui-même dans ses recherches.

 

Spécialiste de Kant, Michael Fœssel cherche avec le philosophe allemand à répondre aux problèmes que pose la modernité. Avec La Privation de l'intime (2008), le philosophe s'intéresse à un sujet rarement évoqué par les intellectuels, et revendique la dimension politique de l'intime, trop souvent confondu, dans nos démocraties modernes, avec la notion économique de « privé ». 

L'auteur récidive en 2012 avec Après la fin du monde, un essai sur le catastrophisme contemporain, rejet d'un présent vidé de sens par l'imminence de la fin, puis avec Le Temps de la consolation (2015) où il fait la généalogie des manières de surmonter la perte.

Profondément européen, et se revendiquant comme tel, Michaël Fœssel multiplie les allers-retours entre la France et l'Allemagne depuis son premier voyage à Berlin à l'âge de 14 ans, un an avant la chute du Mur. 

Le philosophe alsacien, dont les deux parents sont professeurs d'allemand, revendique dans La Nuit, vivre sans témoin (2017) sa fascination pour la capitale allemande. Il montre comment les soirées berlinoises, épargnées par la muséification d'une ville comme Paris, abolissent les hiérarchies et créent de nouveaux possibles. Cette manière de trouver du politique dans ce lieu pour lequel il a des attaches personnelles illustre la vision d'un auteur qui s'interdit de réduire le cosmopolitisme à la mondialisation économique ou à une simple citoyenneté constitutionnelle.

  • 2002

    2002

    Michaël Fœssel soutient sa thèse de doctorat, « L’équivoque du monde. L’instance cosmologique dans la philosophie critique de Kant » à l'université de Rouen.

  • 2004

    2004

    Michaël Fœssel devient maître de conférences à l’université de Bourgogne.

  • 2008

    2008

    Son livre La Privation de l'intime obtient un succès public et critique, et reçoit le « prix Strassart » de l’Académie des sciences morales et politiques.

  • 2015

    2015

    Avec Le Temps de la consolation, le philosophe poursuit sa réflexion sur la modernité, et réhabilite la notion de consolation, chère aux Anciens.

  • 2017

    2017

    La Nuit, vivre sans témoin illustre une méthode de pensée qui redonne sa place à l'opacité et à l'imprévisible.

L'Institut français et l'auteur

Michaël Foessel fait partie des « nouvelles scènes intellectuelles françaises » soutenues par l'Institut français. Il est notamment intervenu dans le cadre de la Nuit des idées organisée le 25 janvier 2018 sur le thème de « L’imagination au pouvoir ».

L'institut français, LAB