Mohamed El Khatib
Plutôt que de consacrer son talent d'écrivain à « des thèses qui ne sont jamais lues », Mohamed El Khatib a préféré créer des spectacles avec ceux qu'il rencontre, et qui n'auraient jamais cru entrer un jour dans un théâtre.
Mis à jour le 14/03/2019
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Né en France en 1980 de parents marocains, Mohamed El Khatibi prône l'éclectisme culturel aussi bien qu’intellectuel. Une philosophie qui transparaît à travers son parcours atypique.
Après des études de lettres, de géographie et de sociologie, ainsi qu’un passage rapide au Centre d’art dramatique de Mexico, il organise en 2003 au festival d'Avignon des camps de théâtre pour jeunes défavorisés.
Envisageant l'art comme un geste politique aussi bien qu'esthétique, il fonde en 2008 avec des personnes issues de tous horizons le collectif Zirlib, qui travaille autour d'un postulat simple : la forme la plus exigeante doit pouvoir toucher le public le plus ordinaire.
Mohamed El Khatib travaille autour d'une forme de théâtre « documentaire » dont il développe notamment l'écriture grâce au soutien de L’L à Bruxelles, lieu offrant un espace d’expérimentation aux artistes de scène.
Mohamed El Khatib n'aime pas le cloisonnement. Détracteur de l'entre-soi culturel, il écrit et met en scène des créations qui suscitent des rencontres inattendues entre des mondes qui, le plus souvent, s’ignorent. Ainsi son spectacle Stadium, monté en 2017, invitait des supporters du Racing Club de Lens à monter sur scène pour faire la chronique de la vie dans les stades.
Depuis 2011, il travaille également sur l’écriture de l’intime dans des formes de représentation anti-spectaculaires. Cette recherche a donné naissance à trois œuvres sur le thème du deuil : Finir en beauté (2014), performance documentaire dans laquelle il retrace le décès de sa mère ; Renault 12 TS (2015), le film de son voyage au Maroc destiné à récupérer son héritage ; et C'est la vie (2017), performance dans laquelle deux « orphelins à l’envers » témoignent de la perte d'un enfant.
Amateur de théâtre et de sociologie, Mohammed El Khatib met en scène l'ordinaire et c'est sans doute là que réside le succès de ses pièces qui voyagent dans le monde entier. À commencer par Moi, Corinne Dadat, sorte de portrait croisé entre la danseuse professionnelle Élodie Guézou et la femme de ménage Corinne Dadat, programmée aux États-Unis et en Angleterre en 2016.
Le Birmingham Repertory Theater découvre Finir en beauté au Festival Off d'Avignon en 2015 et décide de l'inclure dans sa programmation. Stadium a séduit Buenos Aires et le metteur en scène a accepté en 2017 de remonter sa pièce dans la ville de Maradona.
- 2008
2008
Mohamed El Khatib fonde le collectif Zirlib à Orléans.
- 2010
2010
Premier spectacle à la Scène nationale de Sète, L'Abri de rien, pièce d'écriture fragmentaire sur la mort et le deuil.
- 2011
2011
Le metteur en scène rejoint L'L et entame un cycle de création sur l'écriture intime et sa représentation dans des formes d'expression anti-spectaculaires.
- 2016
2016
Grand prix de littérature dramatique pour Finir en beauté, performance minimaliste autour du décès de la mère de l'auteur.
Finir en beauté et C'est la vie de Mohamed El Khatib ont été présentés au Portugal, à Porto, en décembre 2018, avec le soutien de l'Institut français.