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Portrait
Cinéma

Mohammad Rasoulof, réalisateur du film « Les Graines du figuier sauvage »

C'est intolérable qu'un régime puisse exercer une telle répression contre des artistes uniquement parce qu'ils ont exercé leur liberté d'expression.

Réalisateur iranien, Mohammad Rasoulof lutte contre le régime de son pays depuis de nombreuses années, à l’instar de Jafar Panahi, dans des films qui témoignent de sa résistance. Condamné à de multiples reprises, il s’est finalement exilé au mois de mai dernier alors que son dernier film, Les Graines du figuier sauvage, était présenté au Festival de Cannes. Récipiendaire du Prix spécial du jury pour ce film soutenu par l'Aide aux cinémas du monde, il livre un hommage appuyé aux femmes iraniennes et un poignant plaidoyer en faveur de la liberté. 

Alors que Les Graines du figuier sauvage est à l'affiche des salles de cinéma françaises à partir du mercredi 18 septembre, nous vous proposons le portrait de Mohammad Rasoulof. 

Publié le 17/09/2024

2 min

Né en 1972 à Shiraz, en Iran, Mohammad Rasoulof s’est très vite lancé dans l’écriture et la mise en scène de pièces de théâtre. Après avoir étudié la sociologie dans l’université de sa ville natale, il s’oriente ensuite vers le cinéma, qu’il aborde par le court métrage et le documentaire. Il suit, dès lors, une formation consacrée au montage à l’université Sooreh de Téhéran. Au début de sa carrière, il s’illustre en jouant les assistants pour plusieurs réalisateurs comme Abbas Kiarostami et Rasoul Sadr Ameli. Il entame, juste après, la réalisation de six courts métrages.

En 2002, Mohammad Rasoulof réalise son premier long métrage, Twilight, avant de tourner La Vie sur l’eau trois ans plus tard. Il s’essaie, par la suite, au documentaire avec La Parabole, qui s’attarde sur le système mis en place par les Iraniens pour capter les chaînes étrangères interdites dans le pays. Dès 2010, il est pris pour cible par le régime iranien, qui l’accuse de propagande à son encontre : il est arrêté avec les réalisateurs Jafar Panahi et Mehdi Pourmoussa avant d’être condamné à un an de prison. Il poursuit toutefois sa production cinématographique avec Les manuscrits ne brûlent pas (2013), Un homme intègre (2017) ou encore Le diable n’existe pas (2020). 

Depuis sa première arrestation, Mohammad Rasoulof a été visé, à de nombreuses reprises, par le régime iranien. Lors de la sortie d’Un homme intègre, récipiendaire du prix Un Certain Regard, il avait notamment vu son passeport lui être confisqué avant d’être convoqué durant un interrogatoire l’accusant d’activités contre la sécurité nationale et de propagande contre le régime. Alors qu’il présente son film Le diable n’existe pas à la Berlinale, en 2020, il n'est, cette fois, pas autorisé à sortir du territoire et ne peut recevoir l’Ours d’or qui lui est attribué. Deux ans plus tard, il est, à nouveau, arrêté, aux côtés de Mostafa al-Ahmad après la publication d’une tribune qui critiquait l’attitude des forces de l’ordre pendant une manifestation.

Envers et contre tout, Mohammad Rasoulof a toujours souhaité continuer à réaliser malgré la censure et la pression du régime iranien. La quête de liberté, le contexte politique de son pays, la dénonciation de la corruption … Le cinéaste brasse des thématiques puissantes, dangereuses dans sa situation, mais tisse un cinéma de la résilience, de la lutte, qui frappe juste et fort. Avec Les Graines du figuier sauvage, son dernier film, présenté à Cannes en 2024, il poursuit son œuvre dans un hommage aux femmes iraniennes aux allures de thriller, qui a notamment reçu le Prix spécial du jury.

Cinéaste résistant, Mohammad Rasoulof a été condamné à une lourde peine par le régime iranien le 8 mai 2024. Huit années de prison, dont cinq applicables, ont été requises pour “collusion contre la sécurité nationale”. Engagé contre la répression actuellement présente en Iran à l'égard des artistes, le Festival de Cannes avait sélectionné cette année Les Graines du figuier sauvage, le dernier film du réalisateur. Alors que les autorités ont convoqué des membres de l’équipe du film pour les interroger et que des pressions ont été rapportées afin de déprogrammer le film, Mohammad Rasoulof choisit de quitter secrètement le territoire iranien le 12 mai 2024 pour se rendre à Cannes. 

Sur le tapis rouge, le cinéaste a brandi deux photos de ses acteurs principaux, Missagh Zareh et Soheila Golestani, qui n’ont pas pu quitter le pays. Le film reçoit un Prix spécial du jury lors du palmarès, ainsi que le prix FIPRESCI, le prix du jury œcuménique, le prix de l’AFCAE et le prix François-Chalais. 

  • 2002

    2002

    Mohammad Rasoulof réalise son premier long métrage, "The Twilight".

  • 2010

    2010

    Il est arrêté pour la première fois par le régime iranien avec Jafar Panahi.

  • 2020

    2020

    "Le diable n’existe pas" remporte l’Ours d’or à la Berlinale.

  • 2024

    2024

    Désormais exilé, Mohammad Rasoulof reçoit le Prix spécial du jury au Festival de Cannes pour "Les Graines du figuier sauvage."

L'Institut français

L'Institut français a soutenu le film Les Graines du figuier sauvage avec l'Aide aux cinémas du monde. 

L'aide aux cinémas du monde (ACM) est une aide sélective cogérée par le Centre national du cinéma et de l’image animée et l’Institut français, réservée à des projets de long métrage de fiction, d'animation, ou de documentaire de création destinés à une première exploitation en salle de spectacle cinématographique. Elle peut être accordée avant réalisation, ou après réalisation (pour les projets non retenus pour une aide avant réalisation). 

En savoir plus 

L'institut français, LAB