Admis premier à l’École normale supérieure de Saint-Cloud en 1985, Patrick Boucheron se spécialise dès sa licence en histoire médiévale. Agrégé, il soutient une thèse examinant les transformations de la ville de Milan au Moyen Âge comme expression du pouvoir princier. Ce premier travail de recherche d'ampleur pose les fondations d'une réflexion historique aux enjeux intimement politiques.

Devenu professeur au Collège de France en 2015, il réaffirme dans sa leçon inaugurale l'actualité saillante d'une histoire appelée à transmettre des récits entraînants et émancipateurs. En public, il ne manque pas de mettre cette invitation en pratique en défendant dans les médias des ouvrages à la fois rigoureux et exaltants.

En 2008, avec Léonard et Machiavel, les recherches sur l'histoire médiévale italienne de Patrick Boucheron entrent en résonance avec un questionnement sur l'écriture historique. Entre travail académique et littérature, l'historien cherche à combler le manque de sources concernant l'hypothétique rencontre entre le peintre de La Joconde et l'auteur du Prince.

Expérimental, Patrick Boucheron l'est aussi dans la démarche, comme il le démontre avec sa « politique de l'amitié » : à rebours de l'exhortation à revenir au roman national, il propose un travail collectif et introspectif, parvenant avec son Histoire du monde au XVe siècle à une constellation de récits qui dépassent les bancs de l'université comme les certitudes conservatrices.

La portée internationale du travail de Patrick Boucheron se fait sentir au cœur même de son œuvre. Après une première fascination pour la Révolution française, il fait de l'histoire du Moyen Âge italien son domaine de prédilection. Cette projection transalpine, qui fait écho à la mise à distance que réclame la science historique, pose la première pierre d'une réflexion sur la nation et sa narration.

L'ouvrage collectif Histoire mondiale de la France, dirigé par ses soins, réconcilie le récit historique traditionnel, linéaire et centré sur les grands événements, avec l'exigence de prendre en compte les interdépendances sans lesquelles la nation se célèbre mais ne s'explique pas.