Pilar Albarracín est née à Séville en 1968, où elle obtient une licence en Beaux-Arts. Considérée par l’écrivaine Paula Achiaga comme l’une des artistes espagnoles les plus controversées, son œuvre multiforme déconstruit les symboles de la société ibérique traditionnelle, notamment afin de dénoncer un système de domination qui oppresse avant tout les femmes. À travers l’ironie et le sarcasme, ses performances et ses photographies jouent avec les stéréotypes féminins propres à l’identité andalouse. Elle expose dès 2004 aux Reales Atarazanas, dans sa ville natale, puis très régulièrement en France, notamment à la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, qui la représente. Son travail a également été montré au Théâtre National de Chaillot en 2015, et l’année suivante au Musée d’art contemporain de Buenos Aires (MACBA). 

L'œuvre de Pilar Albarracín se nourrit de la culture espagnole, tout en interrogeant les stéréotypes et les présupposés patriarcaux. Dans ses performances, elle incarne différents archétypes féminins, comme la danseuse, la prostituée, la gitane, l’immigrée ou encore la femme au foyer. Les éléments propres au flamenco, ou encore à la corrida, sont d’ailleurs récurrents dans son univers. Travaillant notamment avec la broderie, ses œuvres ont souvent recours à des vêtements traditionnels andalous - costumes de torero, robe de flamenco - qui sont parfois détournés. Volontiers critique, voire iconoclaste, son travail se situe sur le terrain de l’ambivalence, et se présente souvent comme étant chargé d’humour et d’érotisme. Elle qualifie ainsi elle-même sa démarche comme une tentative de créer des pièces « à mi-chemin entre la parodie et la tragi-comédie, qui touchent à un paroxysme cathartique.»

Selon ses propres mots, de nombreuses pièces de Pilar Albarracín ont trait à la place de la femme dans la cité. Elles mettent souvent en jeu le corps de l’artiste elle-même et l’espace urbain, afin de créer des effets de décalage et de dissonance. Dans sa pièce ¡Viva España! (2004), elle déambule ainsi dans les rues de Madrid suivie par une fanfare. Une procession qui se mue progressivement en scène de harcèlement de rue, quand la performeuse est soudain obligée de prendre la fuite, poursuivie par une horde d’hommes. Aujourd’hui, ses œuvres sont présentes dans les collections du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, de la Fondation Louis Vuitton, et au Museo de Arte Contemporáneo de Castilla y León. Son travail sera également à l'honneur dans le cadre de l’événement « Les femmes en lumière en Espagne » au Centre andalou d'art contemporain de Séville.