de portraits
Portrait
Cinéma

Rithy Panh

Je me vois comme un passeur qui doit rappeler le passé pour parler de l’avenir, en utilisant de vieilles images qui pourraient trouver un écho dans ce que nous vivons aujourd’hui.

Cinéaste mondialement connu pour son travail sur le Cambodge, Rithy Panh est un rescapé des camps de travail des Khmers rouges qui trouve refuge dans le cinéma. À travers ses fictions, ses documentaires ou ses livres, il sefforce de transmettre lhistoire de son pays natal.

Mis à jour le 21/10/2021

2 min

Né en 1964 à Phnom Penh au Cambodge, Rithy Panh na quune dizaine dannées quand le régime des Khmers rouges prend possession de sa ville natale en 1975. Il assiste à la déportation de sa population, envoyée dans des camps de travail. Rescapé de la répression du régime, il sauve sa peau en rejoignant le camp de Mairut en Thaïlande. Mais ces quatre années de massacres au cours desquelles il perd sa famille marqueront pour toujours Rithy Panh. À 17 ans, il décide de sinstaller en France, le temps de se reconstruire et entame des études de menuiserie. Après avoir rejeté ses origines, il se tourne rapidement vers le cinéma pour réécrire son histoire.

Dès 1989, le franco-cambodgien entame alors sa carrière de réalisateur avec un premier documentaire, Site 2, Aux abords des frontières dans lequel il dépeint les conditions de vie dans un camp de réfugiés cambodgiens situé en Thaïlande. Grâce au succès de ce premier essai, il poursuit son œuvre, oscillant entre les documentaires et les fictions. En semparant du passé sombre du Cambodge, il sest imposé en France comme le porte-parole du génocide.

Depuis plus de 30 ans, Rithy Panh sefforce de transmettre les horreurs vécues en se penchant notamment sur la dictature des Khmers rouges. Comme en témoigne son dernier documentaire Irradiés (2020) qui croise les récits des « hibakusha » (les survivants de l’explosion des bombes atomiques de 1945) pour lutter contre l'oubli, le réalisateur fait de son œuvre un travail de mémoire, consacrée au traumatisme et au travail de deuil. Quil mette en lumière les disputes entre le gouvernement cambodgien et lONU dans S21, la machine de mort Khmère rouge (2002), quil parle de la colonisation française en Indochine dans La France est notre patrie (2015) quil illustre la solitude des exilés dans Exil (2016) ou qu'il entame une quête spirituelle intimiste dans Les Tombeaux sans noms (2018), Rithy Panh puise dans ses souvenirs de rescapé pour coucher des récits poignants.

Refusant les étiquettes, le cinéaste engagé se démarque également par ses talents d’écrivain. En prenant la plume avec Christophe Bataille pour L’Élimination en 2012 ou La paix avec les morts en 2020, lauteur sattire les éloges du public littéraire. Artiste accompli, Rithy Panh poursuit son combat de transmission en fondant le Centre Bophana à Phnom Penh. Depuis 2006, cette institution audiovisuelle permet au public cambodgien de consulter des vidéos, des photographies ou des documents sonores collectés sur le pays.

Rithy Panh est révélé à linternational lorsquil présente son film Les Gens de la rizière au Festival de Cannes  en 1994. Entièrement réalisé en langue khmère, ce long-métrage marque lhistoire de son pays puisquil est le premier film cambodgien présenté en compétition du festival de Cannes. Si au total, sept de ses films figurent en Sélection officielle, le cinéaste remporte le Prix du Certain Regard en 2013 avec Limage manquante. Là encore, cest le premier film cambodgien à être nommé aux Oscar comme meilleur film étranger. Véritable modèle pour son pays, Rithy Panh est invité à présider le jury de la Caméra dor au festival de Cannes en 2019.

Outre son étroite relation avec la Croisette, le réalisateur touche de nombreuses générations avec son œuvre dutilité publique. En 2016, son film Limage manquante (2013) a même été présentée aux lycéens et aux apprentis dans le cadre dun travail pédagogique de sensibilisation à la culture cinématographique.

Asia Lounge : Conversation avec Rithy Panh
Asia Lounge : Conversation avec Rithy Panh
  • 1964

    1964

    Rithy Panh naît à Phnom Penh au Cambodge.

  • 1980

    1980

    Après le régime des Khmers rouges, Rithy Panh se réfugie en France.

  • 1994

    1994

    Les Gens de la rizière, son premier film de fiction est présenté au festival de Cannes. C’est la première fois qu’un film cambodgien accède à la compétition.

  • 2013

    2013

    Rithy Panh réalise L’image manquante et remporte le prix Un Certain Regard, le prix d’Italia ainsi que le prix France Musique - Sacem de la Musique de film et a été nommé aux Oscars dans la catégorie des films en langues étrangères.

  • 2019

    2019

    Rithy Panh préside le jury de la Caméra d’or au festival de Cannes.

  • 2020

    2020

    Rithy Panh poursuit son travail de deuil en réalisant un documentaire baptisé Irradiés.

L'Institut français et l'artiste

Plusieurs films de Rithy Panh, dont son dernier film documentaire "Irradiés", sont diffusés à l'international par l'Institut français. L’Institut français propose un catalogue de plus de 2 500 titres permettant au réseau culturel et à ses partenaires de diffuser des films français dans le monde. En savoir + sur IFcinéma

 

Rithy Panh fut lauréat de la Villa Kujoyama en 2019, un établissement du réseau de coopération culturelle du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, relevant de l’Institut français du Japon et qui bénéficie du mécénat de la Fondation Bettencourt Schueller, et du soutien de l’Institut français. 

En savoir + sur la Villa Kujoyama

 

L'institut français, LAB