Tarzan & Arab Nasser
Les frères Tarzan et Arab Nasser utilisent le cinéma pour dénoncer la violence en Palestine, leur pays natal. Leur dernier projet en date, Gaza mon amour explore avec humour les derniers trésors du territoire.
Mis à jour le 19/11/2021
2 min
Lorsque les frères jumeaux Ahmed et Mohammed Abu naissent en 1988, les derniers cinémas de Gaza ont fermé leurs portes depuis un an, sous la pression des fondamentalistes locaux. Ils devront attendre d’avoir 20 ans pour voir un film au cinéma, au cours d’un voyage aux États-Unis. Fils d’un directeur d’école et d’une mère au foyer avec 7 enfants à charge, le duo quitte l’appartement familial à 13 ans pour plus d’indépendance. Ils prennent des petits boulots et étudient les beaux-arts à l'Université el-Aqsa, avant de se tourner vers la réalisation sous le nom de Tarzan et Arab Nasser.
En choisissant de revendiquer la liberté face à l’oppression de leur pays, les jumeaux anticonformistes ont fui Gaza pour échapper aux islamistes qui les menaçaient de mort. S’ils présentent le court-métrage Condom Lead au Festival de Cannes en 2013, ils seront de nouveau invités à témoigner de la violence de leur pays avec leur premier long-métrage Dégradé deux ans plus tard. Mais c’est avec Gaza mon amour, une idylle faussement platonique qu’ils deviennent les symboles d’un cinéma affranchi, n’obéissant qu’à leurs propres règles.
L'œuvre des frères Nasser est animée par un seul et même fil conducteur, consistant à briser les tabous. C’est parce qu’ils refusent de dépeindre frontalement le conflit entre la Palestine et Israël, déjà très médiatisée, qu’ils se penchent sur les conséquences de la guerre au quotidien. Dans chacun de leur film, ils montrent une population prise en otage. De la difficulté de faire l’amour en temps de guerre dans Condom Lead (2013) à la redéfinition de la masculinité dans Gaza mon amour (2021) en passant par le détournement des offensives israéliennes à Gaza dans la série satirique Gazawood (2010), les réalisateurs réinventent le cinéma palestinien disparu.
Avant-gardistes et charismatiques, les jumeaux décident de fonder le collectif Made in Palestine Project en 2011 avec le designer Rashid Abdelhamid. Avec cette initiative, ils cherchent à réunir de jeunes artistes qui partagent une vision alternative de leur pays natal en conjuguant différents supports tels que la vidéo, la photo ou les arts plastiques.
Avec leurs créations ambitieuses et satiriques, les jumeaux Nasser s’imposent rapidement comme des artistes fascinants et audacieux. Ils reçoivent le prix de Jeunes artistes de l’année pour leur création Gazawood en 2010. Avec cette série d’affiches, ils comparent les offensives militaires israéliennes sur Gaza à de grosses productions hollywoodiennes et s’attirent les foudres du gouvernement. Avec un détour par la case prison, ils sont déjà en train d’écrire leur légende. Exilés en Jordanie puis à Paris, les réalisateurs entretiennent une relation d'amour-haine avec leur pays.
Lorsque leur court-métrage Condom Lead est présenté au Festival de Cannes en 2013, Tarzan et Arab Nasser permettent à la Palestine d’être sélectionnée pour la première fois sur la Croisette. Bien qu’ils soient revenus présenter leur huis-clos Dégradé à la Semaine de la critique en 2015, il faudra attendre 2021 pour que les frères soient véritablement révélés à l’international avec Gaza mon amour. Chaleureusement accueillis aux prestigieux festivals de Toronto et de Venise, ce film fait revivre le mythe de l’Apollon de Gaza dans un humour trivial.
- 1988
1988
Les frères jumeaux naissent le 2 octobre 1988 à Gaza
- 2009
2009
Ils réalisent leur premier court-métrage Colorful Journey
- 2013
2013
Leur court métrage Condom Lead est le premier film palestinien à être montré en Compétition Officielle au Festival de Cannes
- 2015
2015
Ils réalisent leur premier long métrage, Dégradé
- 2021
2021
Gaza mon amour est présenté à la Mostra de Venise et au Festival de Toronto
Lauréats du programme de résidences de l'Institut français à la Cité internationale des arts, Tarzan & Arab Nasser ont effectué leur résidence à Paris en 2021.
En savoir + sur le programme de résidences à la Cité internationale des arts