Alexandre Humbert
Alexandre Humbert, réalisateur et designer conceptuel, réalise le film Il est possible que ça fonctionne, dans le cadre de l'édition 2021 de la France design week. Cet événement international, annuel et global a pour vocation de valoriser l'innovation et le savoir-faire du design français dans toute sa diversité tout en sensibilisant le grand public à tous les champs du design.
Après quelques questions-réponses avec Alexandre Humbert, découvrez son film Il est possible que ça fonctionne !
Mis à jour le 31/03/2022
2 min
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis designer d’objets de formation, j’ai obtenu un diplôme national d'arts plastiques (DNAP) à L'École supérieure d'art et de design (ESAD) de Reims en 2011 et un master à la Design Academy Eindhoven en 2013. C’est lors de cette année de diplôme que je réalise mon premier film, White Sheep Black Dream, avec lequel j’explore une forme de narration expérimentale directement inspirée de la construction d’objets. Pendant 3 ans, je me forme ensuite à la théorie et techniques du cinéma, pour finalement monter mon studio en 2016 se concentrant sur la production d’objets cinématographiques.
Entre 2017 et 2019, à travers l’Europe, j’écris et réalise la série de films Object Interview dans laquelle je donne une voix à tous ces objets, mettant en avant l’interaction émotionnelle, verbale et non verbale qui existe avec toutes ces fonctions qui nous entourent, indépendamment de leurs formes. Je construis aussi d’autres films en me plongeant dans les collections du Design Museum Gent (BE) en 2018, du Musée d’Art Moderne du Luxembourg (LU) en 2019 et plus récemment celle du Musée des Arts Décoratifs de Paris qui m’invite en résidence pendant 1 an lors de la saison 2020/2021.
En parallèle de ma pratique, j’enseigne la construction de films à l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) Les Ateliers (FR) et à la Design Academy Eindhoven (NL) et interviens dans de nombreuses écoles de design en Europe sur le sujet.
Qui sont les acteurs du film ?
En 2020, plus de 350 modèles, d’objets, d’espaces, de scénarios, de services ont été pensés pour animer et réanimer la Métropole Européenne de Lille.
Parmi tous, j’ai choisi 10 projets, très opposés les uns des autres par leurs enjeux et fonctionnements, pour mettre en avant une richesse de production nous amenant à réfléchir sur l’avenir de nos villes. Les objets, services, architectures sont à la fois les sujets et acteurs principaux. Les penseurs et créateurs de chaque projet sont placés en tant qu’acteurs secondaires du film, amenant subtilement un éclairage sur la façon de lire les images.
Il était question que le film soit présenté au Bazaar St-So, en quoi ce lieu incarne le discours véhiculé par le film ?
Le Bazaar St-So est un acteur du film à part entière, il était donc important pour moi que ce film s'ancre dans son lieu de tournage, amenant ainsi un regard autre sur la façon dont ses espaces peuvent être appréhendés, observés et utilisés. Passer dans le lieu avant de voir le film et y repasser ensuite après l’avoir vu permet de construire un jeu avec le spectateur. La présentation du film pourrait tout autant fonctionner chez d’autres acteurs du film comme à La maison des femmes ou au Couvent des Clarisses, à Roubaix, ou bien encore au siège de Décathlon et à l’Ecole Nationale des Arts et Métiers à Lille.
En quoi ce projet entre-il en résonance avec les objectifs de la France Design Week ?
Il est possible que ca fonctionne est un film qui se plonge dans une diversité de contextes. Le design n’étant pas systématiquement le même en fonction des besoins, il était nécessaire de l’appréhender avec une variété d’approches et de mises en forme. Les recherches menées à Lille en 2020 lorsque la métropole a été désignée World Design Capital me semblait être un contexte idéal pour mettre un place un système narratif directement définis par les 10 projets, acteurs du film. Le design, par sa représentation cinématographique devient ainsi un outil qui peut être appréhender par le plus grand nombre. Les émotions qui en découlent génèrent des perspectives autres sur la diversité et richesse du savoir-faire local et national, raisonnant aussi avec des recherches ailleurs dans le monde.
Dans le champ du design, quand est-ce que le conceptuel prévaut le visuel ?
L’un ne va pas sans l’autre. Un concept, lorsqu’il fonctionne peut pouvoir se décliner à toutes formes, que ce soit un objet, une affiche, une poésie, une performance, un film. Le design est un outil pour créer une interaction, entre Hommes et Objets, aussi bien fonctionnelle qu’émotionnelle. C’est ce rapport émotionnel qui m’intéresse, avec lequel je joue par les formats, la manière de monter ou de filmer, amenant ainsi une réflexion sur la façon dont les designers construisent leurs images. Le film découle d’un processus conceptuel pour devenir un objet. La beauté du concept réside aussi dans sa capacité à ne pas pouvoir fonctionner ensuite, et c'est sur cette tension de potentielle réussite ou d'échec que le film se place.
Un film écrit et réalisé par Alexandre Humbert
Produit par Institut Français et Lille Design Capital
Composition originale : Arnaud Pujol
Assistance à la réalisation : Mercedes Klausner
Le film Il est possible que ça fonctionne d'Alexandre Humbert est présenté par WaaoDesign for Change et le Bazaar St So en partenariat avec l’Institut français.