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Débat d'idées

Anja Mager, Rocío Rodríguez Roldán et Ozer Sahoglu pour la Nuit européenne des idées au Collège de France

Nous voulons réellement apporter du changement et porter la voix de notre génération. Nous avons énormément de sujets d’inquiétude, et presque personne ne nous écoute.

Dans le cadre de la Nuit des Idées, l'Institut français organise le Forum des Jeunesses Européennes, le samedi 12 mars à 20h au Collège de France. L’occasion pour un panel de jeunes citoyens engagés de défendre chacun leur thème de prédilection devant du public et un panel d’experts. Trois d'entre eux ont répondu à nos questions en amont de la soirée du 12 mars, que vous pourrez suivre en direct sur le compte Facebook de l'Institut français. 

L’évènement est organisé par l’Institut français, dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l'Union européenne, en partenariat avec le Collège de France, l’Institut Jacques Delors, ARTE, le groupe France Médias Monde, la revue Le Grand Continent, Télérama et France Culture. 

Mis à jour le 11/03/2022

5 min

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Anja Mager, Rocío Rodríguez Roldán et Ozer Sahoglu
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Anja Mager, Rocío Rodríguez Roldán et Ozer Sahoglu © DR

Pourriez-vous revenir chacun sur votre parcours et votre engagement personnel ?

Ozer Sahoglu : Je suis né à Nicosie, à Chypre, la seule capitale du monde à être divisée en deux. J’ai dix-huit ans et j’étudie actuellement le droit international public aux Pays-Bas. Je participe activement à la société civile depuis que j’ai treize ans : je suis ainsi devenu le premier chypriote mineur à recevoir des financements de l’Union Européenne pour créer mon association. Je fais également partie de l’équipe chargée des Migrations Européennes au sein du Major Group For Children and Youth, mandaté par les Nations Unies.

Rocío Rodríguez : J’ai un diplôme d’Histoire de l’art de l’Université de Séville, et je travaille sur les artistes femmes du XIXème et XXème siècle. Je m’apprête à commencer un doctorat et je suis notamment spécialiste des artistes étrangères en Espagne dans l’entre-deux-guerres, et de la cartographie féminine des émotions dans la littérature et l’art.

Anja Mager : Je suis slovène, et j’ai grandi dans une région rurale. Après le lycée, j’ai décidé de faire des études d’agronomie et d’économie de l’agriculture à Ljubljana et à Vienne. Je travaille actuellement, avec mon compagnon, dans une ferme qui produit des céréales et des pommes. Je suis également la présidente de l’Association de la Jeunesse rurale Slovène. 

 

Quelle est la cause que vous souhaitez porter lors du Forum des jeunesses européennes, le 12 mars prochain au Collège de France ?

Ozer Sahoglu : J’ai grandi à Nicosie, dans un contexte de conflit militaire. Dès l’âge de dix-sept ans, j’ai milité en faveur de la paix et des droits de l’homme, afin de lutter contre les discriminations et d'offrir un pays meilleur aux générations futures. Le conflit chypriote est une question que l’on n’évoque jamais, et qui pourtant est selon moi cruciale pour la construction du futur de l’Europe.  

Rocío Rodríguez : Comme vous pouvez l’imaginer, ma cause est le féminisme et l’égalité, envisagée d’un point de vue artistique et culturel. 

Anja Mager : Pour ma part, je voudrais parler du rôle que l’agriculture joue dans nos vies. Qu’est-ce que cela signifie vraiment d’être agriculteur ? Ce n’est pas seulement un travail physique, c’est un métier complet qui demande de nombreuses compétences intellectuelles. Beaucoup de personnes ne considèrent même plus, comme une option viable, le fait d’envisager une carrière dans l’agriculture. Je voudrais, au contraire, démontrer qu’on peut conjuguer l’agriculture avec l’écologie et l’engagement social, tout en construisant un modèle économique viable.  

Notre stratégie sera très simple : dire la vérité, et expliquer notre réalité. Au-delà des statistiques, nous allons aussi porter des histoires, des faits réels qui nous concernent tous au quotidien.

Pour vous préparer à cette soirée, vous suivez une formation en ligne. Qu’avez-vous appris grâce à ces ateliers ? 

Ozer Sahoglu : J’en sais désormais bien plus sur le fonctionnement démocratique de l’Union Européenne !

Rocío Rodríguez : Cela nous permet de mettre notre sujet de recherche et notre terrain d’engagement plus étroitement en relation avec le fonctionnement de l’Union Européenne, notamment d’un point de vue légal. Et donc de mieux comprendre comment mettre concrètement en place des mesures dans le cadre politique de cette organisation. 

Anja Mager : À travers plusieurs workshops, on nous a présenté dans le détail plusieurs entités de l’Union Européenne. Nous avons ensuite été divisés en trois groupes pour réfléchir plus en profondeur à notre approche. Je fais par exemple partie du groupe consacré à l’écologie, qui a par la suite été scindé en plusieurs sous-groupes : dans mon cas, il est consacré à l’agriculture durable. Nous travaillons actuellement sur la formulation des propositions que nous nous apprêtons à porter devant les preneurs de décision. 

 

Comment envisagez-vous la soirée du 12 mars, où vous et vos camarades aurez à défendre des mesures concrètes pour relever les défis de l’Europe de demain ?

Rocío Rodríguez : Cette soirée doit vraiment aboutir sur des actions concrètes, et ne pas se contenter de belles paroles. Il n’est pas question de se contenter de prendre la pose sur une belle photo qui rassemble un panel de jeunes gens talentueux et intéressants. Nous voulons réellement apporter du changement et porter la voix de notre génération. Nous avons énormément de sujets d’inquiétude, et presque personne ne nous écoute. 

Anja Mager : Ces derniers mois, nous avons travaillé dur pour mettre au point ces propositions. Nous attendons des personnes auxquelles nous nous adresserons qu’elles nous écoutent vraiment. Comme le dit très justement Rocío, nous ne sommes pas là pour la photo. Nous avons véritablement besoin de changements en profondeur, parce que notre génération va concrètement vivre et traverser ces changements. Ce projet ne doit donc pas s’arrêter à la Nuit des Idées, mais se poursuivre avec la mise en place concrète de nos propositions.

Ozer Sahoglu : Je suis parfaitement d’accord. J’attends par ailleurs un environnement inclusif, qui permettra l’expression de nos idées et de nos propositions. Et j’espère qu’il permettra aux jeunes européens de faire preuve de solidarité pour répondre aux défis qui attendent notre génération. 

 

Quelle sera votre stratégie pour tenter de convaincre votre audience, composée d’experts et de personnalités politiques ? 

Anja Mager : Notre stratégie sera très simple : dire la vérité, et expliquer notre réalité. Au-delà des statistiques, nous allons aussi porter des histoires, des faits réels qui nous concernent tous au quotidien.

Rocío Rodríguez : En fait, il ne s’agit pas de stratégie, ni de se soumettre aux lois du jeu politique. Nous sommes là pour dire la vérité, pour faire appel au sens commun. Nous ne sommes pas là pour vendre un produit, mais pour attirer l’attention des décideurs sur des problèmes qui doivent être réglés immédiatement.

Ozer Sahoglu : C’est exactement cela. 

La Nuit européenne des idées au Collège de France (Teaser)
La Nuit européenne des idées au Collège de France (Teaser)
L'Institut français et l'évènement

Organisée par l'Institut français, la Nuit européenne des idées au Collège de France s'inscrit dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l'Union européenne. 

A l’occasion de la Présidence français du Conseil de l'Union européenne (PFUE), l’Institut français est particulièrement mobilisé pour œuvrer à la traduction des objectifs définis par le gouvernement pour cette Présidence. L’Institut français met en œuvre, en ce sens, une série de dispositifs et temps forts culturels qui contribuent à valoriser la créativité européenne. 

En savoir + sur la programmation culturelle de l'Institut français durant la PFUE 

L'institut français, LAB