L’Atelier Senzu, lauréat des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes 2020
Fondé en 2014 par David Dottelonde et Wandrille Marchais, le cabinet d’architecture Atelier Senzu a fait de la réhabilitation le cœur de son métier. Primée dans le cadre des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes 2020 (AJAP), leur approche circule dans le cadre de l’exposition itinérante du même nom produite cette année par l’Institut français.
L’exposition « Album des Jeunes Architectes et Paysagistes 2020 » est ainsi une proposition de La Collection 2022, un dispositif de l’Institut français qui rassemble pour le réseau culturel français à l'étranger des propositions clés en main, légères en diffusion et modulables.
Mis à jour le 26/09/2022
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Pourriez-vous nous présenter votre parcours et nous expliquer comment est née votre collaboration ?
Wandrille Marchais : Nos premiers projets ont été imaginés ensemble à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val-de-Seine à partir de 2006 et depuis cela ne s’est jamais vraiment arrêté. L’agence nous permet de nous exprimer, d’expérimenter par nous-même en mettant en pratique nos concepts.
Notre travail a été récemment récompensé par le ministère de la Culture AJAP 2020 (Album des Jeunes Architectes et Paysagistes), par l’appel à projet FAIRE 2020 (Ville de Paris & Pavillon de l’Arsenal) et par l’initiative européenne FUTURE ARCHITECTURE PLATFORM lancée par l’EU Creative Exchange dans le cadre du New Bauhaus et plus récemment par Prix d’encouragement de l’Académie des Beaux-Arts.
L’Atelier Senzu accorde une importance particulière aux notions d’enseignement et de transmission. Vous revendiquez ainsi « une culture d’atelier ». Est-ce que vous pourriez nous en dire plus ?
David Dottelonde L’Atelier Senzu revendique une culture du travail en atelier comme lieu d'échange, de la mise en avant des atouts et des compétences de chacun à travers un processus de fabrication du projet collectif. Loin de nous cantonner aux groupements de maîtrise d’œuvre classiques, nous nous attachons à nous entourer de tous les acteurs pouvant apporter un complément de vision, d’opinion ou d’expertise permettant d’enrichir la construction du projet. Nous travaillons ainsi main dans la main avec des profils aussi divers que complémentaires : designer, philosophes, historiens, graphistes, photographes …
Wandrille Marchais : Nous essayons également de ne pas arriver avec des idées préconçues et de nous adapter à chaque nouveau contexte, avant de choisir collectivement les meilleures solutions. La transdisciplinarité après la multidisciplinarité est l’objectif de notre travail collectif. Là encore, c’est un point de vue partagé par Bruno Latour, il est impératif de croiser les disciplines pour inventer de nouvelles réponses aux enjeux climatiques.
Comment est-ce que cette démarche a pu résonner avec votre projet de Pavillon Le VAU qui a été sélectionné dans le cadre de l’Albums des jeunes architectes et paysagistes (AJAP) - Session 2020 ?
David Dottelonde : Issu du budget participatif de la Ville de Paris, nous avons mis en place le projet avec les équipes enseignantes, notamment à travers des ateliers de conception. L’occasion d’analyser l’histoire architecturale de ce lieu qu’est l’école. Inscrit dans un cercle, le pavillon évoque aussi bien le chapiteau que la hutte. Pas de premier ni de dernier rang dans cette architecture à l’échelle des enfants, un contrepied à la classe rectangulaire et mono-orientée de Jules Ferry, traditionnellement aménagée pour éviter aux droitiers la gêne des ombres portées.
Wandrille Marchais : L’enseignement est le meilleur « matériau » pour bâtir un futur désirable. Pour cela, nous architectes, nous devons avoir le courage d’imaginer une utopie et la penser suffisamment fort pour qu’elle finisse par se réaliser.
Les concepts de « régénération » et de « réhabilitation » reviennent souvent quand on évoque votre travail. Pourriez-vous nous expliquer ce qu’ils représentent pour vous et comment ils irriguent vos projets les plus récents ?
David Dottelonde : Notre agence s’appelle Senzu, clin d'œil à ce haricot magique aux propriétés régénératrices hors du commun, qui soigne, répare, apaise et rassasie. Depuis la création de l’agence nous avons cherché à nous inscrire dans le sillon de la réhabilitation engagé. Considérer et faire avec un bâtiment existant, c’est penser qu’amender est plus vertueux qu’effacer. Mais pour nous faire avec le déjà-là ne répond pas qu’à une contrainte écologique ou économique, c’est une manière optimiste de voir le monde et de pratiquer le métier d’architecte.
La réhabilitation nous semble être une opportunité plutôt qu’une contrainte, polysémique - c'est-à-dire applicable à des sujets très différents, un enjeu autant théorique que pratique, une évolution nécessaire et passionnante à laquelle nous avons envie de continuer à nous consacrer pleinement.
Wandrille Marchais : En ce moment, nous transformons des bureaux en logements à Montreuil, ce qui permet par exemple d’importantes hauteurs sous plafond et de grandes baies vitrées, impensables dans un projet neuf.
L’agence travaille aussi à la transformation lourde de la Chambre des Notaires de Paris située place du Châtelet. Un héritage âgé de 160 ans, transformé pour être ouvert au public et apporter sa contribution à l’espace public. Ici la réhabilitation est aperçue comme un formidable moyen de concevoir dans un cadre hors des standards habituels.
Ces deux expériences nous ont permis de considérer que tout ce qui constitue a priori une contrainte peut être, voire doit être, une opportunité d'inventer, de contourner et de dépasser les standards.
Vous faites partie d’une équipe transdisciplinaire qui sera chargée de repenser entièrement l’identité et l’aménagement du Nouveau Grand Palais. Comment abordez-vous ce nouveau défi ?
David Dottelonde : Dans le cadre de la restructuration globale du bâtiment du Grand Palais par l’architecte François Chatillon, nous allons orchestrer les aménagements intérieurs, en tandem avec le designer français Samy Rio et l’agence new-yorkaise 2X4 experte en stratégie de marque.
L’Atelier Senzu coordonne une équipe interdisciplinaire (architecture / design / signalétique) réunie de manière inédite autour d’une approche écologique : le sourçage des matières naturelles, leur transformation et leur agencement seront la ligne conductrice de l'identité globale du Nouveau Grand Palais. Un travail commun qui permettra à notre équipe de développer des dispositifs transversaux aux trois disciplines afin d'immerger le visiteur dans une ambiance unique.
En 2022, le travail de l'Atelier Senzu a notamment voyagé au Cambodge dans le cadre de l'exposition itinérante de l’AJAP (Album des Jeunes Architectes et Paysagistes 2020), produite par l'Institut français. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
David Dottelonde : Ce prix biannuel donne lieu à une exposition qui a commencé à la Cité de l’architecture à Paris avant de voyager dans de nombreux lieux. C’est une fierté pour nous de pouvoir ainsi faire voyager notre travail, car la question internationale nous intéresse énormément. Cela permet aussi de faire connaître à l’étranger les problématiques que rencontrent les architectes français sur leur territoire. Et en retour, de voir comment les architectes locaux peuvent répondre à ces propositions et nous apporter, à leur tour, des idées.

L’exposition « Album des Jeunes Architectes et Paysagistes 2020 » est une proposition de La Collection 2022 de l'Institut français. Cette offre est exclusivement destinée à une présentation dans les établissements du réseau culturel extérieur - Alliances françaises, Instituts français, Centre culturels binationaux - Services culturels des Ambassades ou dans des lieux tiers partenaires, pour des événements pilotés directement par lui.